Ce que lègue Valérie Plante à la scène culinaire montréalaise - Caribou

Ce que lègue Valérie Plante à la scène culinaire montréalaise

Publié le

21 octobre 2025

Texte de

Virginie Landry

Photos de

Maude Chauvin

La mairesse de Montréal Valérie Plante quittera l’hôtel de ville le 3 novembre prochain après deux mandats consécutifs à la tête de la plus grande ville du Québec. Que retiendra-t-on de son passage à la mairie? Certains mentionneront ses efforts en mobilité active et ses pistes cyclables, d’autres les grands chantiers et les fameux cônes orange. Caribou, de son côté, souligne son envie de voir Montréal briller comme destination gastronomique à l’international ainsi qu’un réel désir de soutenir la scène culinaire locale.
Valérie Plante
La mairesse de Montréal Valérie Plante quittera l’hôtel de ville le 3 novembre prochain après deux mandats consécutifs à la tête de la plus grande ville du Québec. Que retiendra-t-on de son passage à la mairie? Certains mentionneront ses efforts en mobilité active et ses pistes cyclables, d’autres les grands chantiers et les fameux cônes orange. Caribou, de son côté, souligne son envie de voir Montréal briller comme destination gastronomique à l’international ainsi qu’un réel désir de soutenir la scène culinaire locale.
publicité

Nous avons voulu rencontrer la mairesse sortante afin de discuter des dossiers reliés à la culture culinaire montréalaise qui ont occupé l’administration Plante ces dernières années. Pour cette entrevue, nous lui avions demandé de choisir comme lieu de rencontre un restaurant qu’elle aime particulièrement. C’est donc quelques semaines avant la fin de son dernier mandat qu’on la retrouve au Bar Mamie dans La Petite-Patrie.

À son arrivée, la mairesse sortante se faufile en cuisine pour saluer Max Rosselin, le propriétaire du resto et visiblement un ami à elle. «C’est qu’on l’accueille ici souvent», nous confie-t-il ensuite, tout souriant. La table est mise pour cet entretien aux saveurs montréalaises.

— Pourquoi avoir choisi le Bar Mamie comme lieu pour notre rencontre?

C’est un endroit que j’aime beaucoup. J’habite pas très loin et j’aime cette formule où la qualité gastronomique des plats rencontre une ambiance conviviale et décontractée. Je suis du quartier depuis 25 ans et avant, il fallait descendre sur Le Plateau pour bien manger et bien boire. Là, depuis plusieurs années, ça a explosé! Il y a beaucoup de bons restaurants dans mon coin: Vin Mon Lapin, la rôtisserie La Lune, le Vinvinvin, la Buvette Beaubien…

— Que commandez-vous lorsque vous venez ici, au Mamie?

Je viens ici avec mon chum ou avec des amis pour prendre l’apéro. Je raffole de leurs plateaux de charcuteries et de fromages. J’aime le vin et leur sélection est exceptionnelle… même au verre!

— On veut apprendre à vous connaître en tant que foodie. Cuisinez-vous à la maison?

Je déteste cuisiner! Par contre, mon mari cuisine vraiment bien. Il a toujours été très curieux. Et mes deux garçons – 19 ans et 22 ans – vivent à la maison et doivent chacun cuisiner un souper par semaine. Moi, je suis la fille qui va faire des muffins, du pâté chinois, des affaires bien simples!

C’est un peu pour ça que j’aime aller manger au restaurant: non seulement pour goûter à la créativité des chefs, mais aussi parce que moi je n’ai aucun talent en cuisine! Mon mari et moi, on voyage beaucoup et on va chercher à aller dans les restaurants pour découvrir la scène culinaire locale. On sort des sentiers battus pour dénicher des petites, des moyennes et de grandes tables. C’est inspirant!

«Quand [je ne serai plus mairesse et que] je vais redevenir Valérie, je vais avoir plus de temps pour aller au restaurant.»

— Justement, vous qui avez voyagé partout dans le monde, comment se compare Montréal à d’autres villes au niveau de sa scène culinaire?

Je pense que la force de Montréal, c’est sa grande diversité. Étant une ville cosmopolite, on a la chance de pouvoir miser sur des talents et des expériences variées. On a autant de grands restaurants gastronomiques que de petits bouis-bouis sympathiques. Il suffit d’aller dans d’autres quartiers que ceux qui sont plus touristiques pour réaliser à quel point on mange bien dans toute la ville.

Puis, je sens aussi que pour les Montréalais, il y a cette curiosité de vouloir découvrir différents types de cuisine. Un peu comme quand tu apprends une langue: quand tu manges un plat, ça t’ouvre les horizons. À Montréal, on peut voyager sur tous les continents grâce à notre scène culinaire!

Valérie Plante

— Parlant de la scène culinaire montréalaise, votre administration a dû gérer la crise pandémique allant même jusqu’à offrir, en 2021, une aide financière de 4,5 millions de dollars aux restaurateurs post-COVID. Cette décision a-t-elle laissé ses marques, cinq ans plus tard ??

En 2020, la COVID frappe: c’est dur pour tout le monde, évidemment. Mais c’est sûr que pour les restaurateurs, qui sont pour la plupart de petits entrepreneurs, c’est exigeant. Tout d’un coup, on ne peut plus aller au restaurant, il n’y a plus de clients. On s’est donc dit que la scène culinaire est tellement importante, nos petits entrepreneurs sont tellement importants, qu’il faut que la Ville de Montréal investisse pour les aider. Puis c’est vrai que ce n’est pas traditionnellement quelque chose qu’on fait, donner de l’aide d’urgence, mais on l’a fait cette fois-là afin de tenir ces restaurateurs à flots. Dans les dernières années, on a également misé sur plusieurs éléments pour poursuivre notre engagement: soutenir les festivals qui mettent la table à l’honneur (Montréal en lumière, MTL à table) et aller chercher le Guide Michelin, par exemple. Évidemment, il y a des gens qui se demandent pourquoi on met de l’argent là-dedans, mais pour moi, ces investissements-là étaient comme une façon de faire une grosse campagne de promotion pour la ville ainsi que de donner une bonne tape dans le dos à nos restaurateurs.

— Votre administration a également investi massivement dans la réfection d’artères commerciales et dans la création de rues piétonnes, et ce, dans le but de favoriser l’économie de proximité. Quelle était votre volonté en faisant cela?

Pousser vers le tourisme de quartier. Dans ces rues où on a de plus en plus de restaurants et de cafés, on a élargi les trottoirs, mis de la verdure, fait des efforts sur l’entretien. Ça fait en sorte que des gens décident d’aller se promener ailleurs que dans leur quartier parce que la rue Wellington (à Verdun) ou l’avenue du Mont-Royal (sur Le Plateau), entre autres exemples, sont trippantes. Ils y découvrent des bars, des boutiques, des restaurants.

Quand on investit dans les artères commerciales locales, on voit que ça marche. Des réaménagements comme ceux sur la rue Saint-Denis avec le Réseau express vélo (REV), Projet Montréal va continuer d’en proposer. Ça ne va pas arrêter, c’est notre marque de commerce.

«Quand on aménage l'espace public, ça contribue directement au chiffre d'affaires des restaurants et des bars.»

— Est-ce que ce sont des investissements pour lesquels les citoyens sont reconnaissants? Ce sont souvent leurs doléances qui font les manchettes.

Sur le coup, ils n’aiment pas ça et c’est normal. Sur la rue Sainte-Catherine Est, dans le coin de la Place des Arts, ça n’a pas été facile quand c’était en chantier. Mais maintenant, les commerçants sont super contents! Ces derniers disent aux commerçants qui sont en rénovation plus loin sur la rue Sainte-Catherine Ouest, «c’est plate pendant, mais après, vous allez voir, ça va être beau».

Une ville qui est pensée à échelle humaine, quand on investit dans les artères locales, ça fait venir le monde: les touristes, les travailleurs, les grandes compagnies et les Montréalais aussi! Ces gens-là ont de l’argent à dépenser dans les restaurants.

—Un autre dossier mené par votre administration a été la création de l’Office montréalais de la gastronomie en 2021. Qu’a-t-il apporté à la scène culinaire?

C’était une façon pour nous de soutenir des initiatives.

Une que je trouve particulièrement intéressante, c’est celle de Leadership au féminin, un accélérateur pour femmes en gastronomie [NDLR: il s’agit d’un programme d’accompagnement personnalisé et de mentorat visant à propulser 12 entrepreneures en restauration]. C’est unique, je trouve! À Montréal, on a vraiment plein de cheffes qui se démarquent et on voit une volonté d’avoir plus de femmes en cuisine. Mais bon, c’est beau dire  qu’on veut des femmes en restauration, mais à un moment donné, il faut être prêt à investir et à réfléchir à son milieu de travail! Ce qu’on a fait en finançant l’organisme et ses projets.

Investir dans la scène culinaire à Montréal, c’est payant. C’est aussi simple que ça.

— Qu’est-ce qui vous rend le plus fière de notre scène culinaire, finalement?

Quand je voyage en tant que mairesse, on me parle souvent de la scène culinaire à Montréal. Les gens savent que s’ils viennent à Montréal, ils vont bien manger. Et ça, ça me fait vraiment tripper. C’est une scène culinaire très engagée qu’on a: je pense aux nombreuses associations (comme l’Association des restaurateurs de rue du Québec), aux prix Lauriers, à la Table ronde. On sent une volonté de se démarquer et un travail constant pour définir notre identité en mouvance. J’en suis très fière.

«Une scène culinaire vibrante fait partie de l'équation de ce qui constitue une ville avec une belle qualité de vie.»

Le carnet de bonnes adresses de Valérie Plante

Mon coup de cœur du moment, c’est le Casavant, que j’ai découvert grâce au Guide Michelin.

J’adore le Café Paquebot. La mouture Joyeux Roger est ma préférée! Il y a aussi les cafés Pista, dont une des succursales n’est pas très loin de chez moi.

Chez nous, c’est mon mari qui fait les emplettes! Mais des fois, parce que c’est proche de chez moi, je vais au marché Jean-Talon pour les fruits et les légumes. J’aime également la Fromagerie Hamel, comme je suis une grande fan de fromages et le Roi du taco, pour de la bonne guacamole quand on reçoit de la visite.

 

Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. J’aime beaucoup le restaurant Hélicoptère.

J’aime beaucoup la poutine, mais je ne dirai pas ça. À Montréal, on a d’excellents maîtres glaciers. Je pense à Kem Coba ou à Iconoglace. Un touriste qui visite la ville en été se doit de manger une crème glacée!

publicité

Grandes entrevues

Tous les articles

Plus de contenu pour vous nourrir