Avec ma mère, j’ai vraiment appris la cuisine familiale, l’idée de bien se nourrir, de façon équilibrée, avec de bons produits. Avec mon père, j’ai découvert le spectacle du grand restaurant à la française.
— Qu’est-ce qui vous a donné le goût d’en faire un métier?
Honnêtement, je n’avais aucun plan de carrière en gastronomie. J’ai caressé à un moment l’idée d’être cuisinier lorsque j’étais au collège, mais mes parents étaient un peu effrayés par cette idée. En France, on a beaucoup de respect pour les grands chefs, mais choisir la cuisine comme plan de carrière, c’est souvent perçu comme un échec. J’ai abandonné assez vite l’idée parce que je n’étais pas trop mauvais à l’école. Je suis parti à l’âge de 19 ans étudier à Paris pour faire sciences politiques. Je m’intéressais beaucoup à la politique, à la culture, à l’actualité, je voulais être journaliste.
Après mes études, j’ai commencé à travailler dans un hebdomadaire assez réputé en France, L’Express. J’étais journaliste généraliste, et peu à peu, sans m’en rendre compte, je me suis spécialisé vers la cuisine. Très souvent, les sujets que je proposais lors des conférences de rédaction tournaient autour de l’alimentation, de la gastronomie, des chefs. Peu à peu, j’ai fait de la gastronomie une de mes spécialités.
— Quand êtes-vous devenu critique gastronomique?
En 2006. Lorsque Jean-Luc Petitrenaud – celui qui avait occupé cette rubrique pendant 10 ans – a quitté L’Express, on m’a proposé de le remplacer parce qu’on savait que j’avais une passion pour les restaurants. Et là, ç’a vraiment été une plongée dans le grand bain de la critique gastronomique. Ça m’a offert une grande visibilité, car à cette époque L’Express vendait encore des centaines de milliers d’exemplaires dans les kiosques et par abonnement.