J’ai des amis qui sont professeurs de yoga. Ingénieurs. Journalistes. Entrepreneurs. Chefs. Je les présente souvent comme tels: «Mon amie Marie. Tsé, la prof de yoga!». Et moi, je suis la végane. «Mon amie Caro. Tsé, la végane!»
J’ai une étiquette qui me colle à la peau depuis octobre 2011, moment où j’ai décidé, presque sur un coup de tête, de ne plus manger de viande ni tout autre produit d’origine animale. Moment où j’ai troqué le yogourt grec et les filets de poulet pour des pois chiches et de grosses bottes de chou frisé. Moment où j’ai décidé que la manière de me nourrir allait changer complètement, avant tout, bien égoïstement, au nom de ma santé. L’impact positif de mes choix sur la planète et sur le bien-être animal est arrivé comme un bonus, une prime avec achat. Depuis sept ans, mon étiquette et moi, on est en relation. Pour le meilleur et pour le pire.
Durant les premiers mois passés avec mon étiquette, j’ai vécu la passion. Je me suis affichée avec elle sur Facebook. Je l’ai annoncé à tous mes proches. Je prononçais son nom dans toutes les conversations, des étincelles dans les yeux. J’étais Caroline, la végane. Dans mes lunettes roses d’amoureuse, tout était beau. Je sentais que j’avais compris quelque chose que les autres n’avaient pas encore saisis. Je faisais une vraie différence. J’avais trouvé la solution à tous les maux de la planète et ce n’était qu’une question de temps avant que tout le monde ne nous rejoigne, mon étiquette et moi. Le temps a passé. Et la relation s’est complexifiée.