Au 63e degré nord en Norvège, dans les campagnes à l’est de la ville universitaire de Trondheim, quelques centaines de maisonnées se réchauffent l’hiver en séchant leur propre orge au feu de bois d’aulne. Le but ultime? Brasser une Stjørdalsøl pour le temps des Fêtes. Cette bière au parfum de fumaison a tout pour plaire à ceux qui salivent à l’idée d’un sandwich de chez Schwartz’s. Surtout, elle devient une partenaire hors-pair pour les pinnekjøtt de Noël, de savoureuses côtelettes d’agneau traditionnelles, salées, séchées, puis fumées.
En Franconie, dans le nord de la Bavière, la Rauchbier demeure aujourd’hui une recette prisée des amateurs de lagers locales plus que partout ailleurs en Allemagne. Aucune surprise, puisqu’il y a quelques siècles l’orge était séché avec la chaleur d’un feu direct. Ici, c’est le bois de l’hêtre qui rehausse les flaveurs des céréales, insufflant de succulentes notes de bacon à la bière. Inutile de dire que l’harmonie est directe avec les nombreux plats de porc sur les menus locaux.
Il n’y a pas de fumée sans feu de bois
La malterie mauricienne Le Maltraiteur, à Trois-Rivières, a pris le flambeau de la fumaison au Québec en offrant aux microbrasseries le désirant de travailler l’essence de bois de leur choix. De l’érable au hêtre (comme en Franconie allemande), du cerisier à l’aulne (comme en Norvège), les possibilités pullulent. Tout récemment, Luc Lévesque, fondateur de l’entreprise, a collaboré avec Les Trois Mousquetaires pour leur «Centrale Scotch Whisky» en fumant deux types de malt avec de la tourbe locale. Il est aussi responsable de la fumaison de la Gotlandsdricka de la brasserie Livingstone, avec un malt fumé au bouleau, puis d’un tout nouveau projet avec le jeune joueur Brasseur des Monts grâce à un malt pâle fumé au bois d’érable.