Journal d’un vigneron: demain, on vendange
Publié le
22 septembre 2020
Pour les vignerons du Québec, le jour J est bel et bien arrivé. Sébastien Daoust, du vignoble Les Bacchantes parle des derniers préparatifs et du stress (ou pas) que la saison des récoltes provoque chez lui.
Un texte de Sébastien Daoust, vignoble Les Bacchantes
15 septembre 2020. J’ai toujours eu de la difficulté à refroidir mes cuves de vin en fermentation. Mes cuves ont pourtant tout l’équipement pour faire ça: une double paroi permettant de faire passer un liquide froid (eau, glycol alimentaire) sans entrer en contact avec le moût en fermentation. Malheureusement, l’unité de refroidissement, en 2017, a été livrée en retard. Ça a fait tout un investissement qui ne «rapporte» pas tout de suite. Puis, les récoltes 2018 sont arrivées rapidement. On n’a pas pu l’installer. Puis en 2019, je m’impliquais un peu plus auprès des vignerons du Québec, alors pas de temps.
Pour 2020 donc, il fallait pouvoir installer les 6 valves, les 6 contrôleurs, tout le système de tuyauterie au mur. Un peu d’électricité dans tout ça. Mais c’était la grande année.
Je finalisais donc l’installation électrique de tout ça, coincé entre deux cuves de fermentation de rouge, pendant que ma nouvelle collègue, Geneviève, ayant cumulé plusieurs années d’expérience en France, s’assurait que tout était «sanitairement» correct dans le chai.
Car demain, on vendange. Selon les résultats de labo, les acides étaient au bon niveau, le sucre aussi. Les arômes sont sur la coche! Et tout ça, un 15 septembre. Quelle année intéressante.
J’entends un «Allô?» du fond du chai. J’avais donné rendez-vous à deux restaurateurs de Québec au vignoble, alors je me décoince d’en dessous de mes cuves, et je m’en vais les voir.
Il faut se le dire, mes vins sont plus populaires dans les restaurants de Québec qu’à Montréal. Il y a de grandes explications pour ça, que je pourrais détailler ultérieurement, mais bref, des restaurateurs qui passent nous voir, c’est rare. Et c’est très apprécié.
Je n’ai pas autant de temps que j’aimerais en avoir avec eux. Mais on jase, on parle des vins, de la situation de la restauration, du vignoble en ce moment.
«Vous devez être nerveux si vous vendangez demain?» me demande l’un des deux restaurateurs.
Non, je ne suis pas nerveux. Pour la première fois depuis nos premières vendanges en 2015, je suis calme. Un vrai valium.
Il ne faut pas se méprendre, je suis très curieux de voir la quantité de raisins. J’ai hâte de voir le résultat de ce sur quoi nous travaillons depuis la fin des vendanges 2019. C’est la dernière étape de la partie agricole du vin. Une fois vendangé, on commence à planifier 2021.
Mais c’est vrai que je ne suis pas nerveux. Je sais comment ça va arriver, je sais que ce ne sera pas aussi intense que je me l’imagine à chaque fois. Un cépage à la fois. Une journée à la fois. Et on arrivera au bout comme à chaque année. Et j’ai de l’aide en plus. Ça va bien aller.
Il faut juste que je finisse de raccorder mon système de refroidissement par contre. Et ça, ça m’énerve.
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