Que ce soit tout de suite ou lors de la renégociation officielle de l’Accord Canada-État-Unis-Mexique, prévue pour 2026, le système canadien de gestion de l’offre est très menacé. Il apparaît qu’il sera une monnaie d’échange dans la négociation commerciale que force le nouveau président des États-Unis. Le Canada a montré qu’il pouvait faire des concessions sur ce système et tout indique qu’il acceptera d’en faire encore. Et qui serait vraiment surpris qu’on accepte finalement d’abandonner ce système? Ce n’est pas sans raison que le gouvernement libéral a refusé encore l’automne dernier de faire voter la loi présentée il y a trois ans par le Bloc Québécois et qui aurait contraint le gouvernement à n’accepter aucune nouvelle concession sur la gestion de l’offre. Et il y a fort à parier qu’un éventuel, sinon probable, gouvernement conservateur ne voudra pas ramener cette loi au feuilleton de la Chambre des Communes.
Alors la question se pose: faudra-t-il que la gestion de l’offre disparaisse pour que l’on réalise qu’elle était utile et même bénéfique à notre agroalimentaire?
Un peu de contexte
En premier lieu, rappelons ce qu’est la gestion de l’offre et comment elle fonctionne au Canada. Instaurée dans les années 1970, elle agit à différents niveaux dans les secteurs du lait, des œufs et de la volaille. Elle limite la production aux besoins du marché interne. Donc pas de surproduction. En même temps, les agriculteurs sont assurés d’une rémunération uniforme, basée sur le volume de leur production. Le volume de production est d’abord établi globalement pour le Canada. Ce quota est ensuite réparti entre les provinces, selon des critères historiques et de marché. Finalement dans chaque province les producteurs détiennent une part de ce volume total autorisé, en fonction du quota individuel qui leur a été alloué à l’origine du système et qui a pu être augmenté par des achats au fil des ans, ou diminué en raison d’une croissance autorisée des importations (j’y reviens dans un instant). Le quota est monnayable. Quiconque veut se lancer en production d’œufs, de poulet, de dindon ou de lait doit acquérir du quota. Plusieurs, particulièrement de jeunes ou de nouveaux agriculteurs, voient un obstacle dans ce quota obligatoire et dans le prix du droit de produire.
La gestion de l’offre implique aussi, en parallèle, avec la mise en marché collective, des mécanismes de négociation des prix des produits agricoles concernés. Pour les détenteurs de quotas il y a donc une équité de rémunération. Les agriculteurs doivent s’en tenir au volume établi par leur quota. Pour les consommateurs, il y a aussi, même si certains contrôles ont été abandonnés au fil des ans, des mécanismes encadrant la fixation des prix, particulièrement pour une gamme de produits laitiers.