Retomber sous le charme du magazine
Publié le
30 octobre 2024
Texte de
Geneviève Vézina-Montplaisir
Photo de
Maude Chauvin
Il y a quelques mois, je suis retombée amoureuse du magazine.
Il y a eu tout d’abord ma collègue Audrey (Lavoie, coéditrice de Caribou), qui m’a apporté un exemplaire de L’actualité au bureau en me disant: «Tu liras ça pendant tes vacances». C’était l’édition de septembre avec Jean-Martin Fortier sur la couverture. J’ai lu avec intérêt l’excellent reportage signé par Marie-Hélène Proulx sur la vedette du maraîchage biointensif à petite échelle. Il y avait de la chair autour de l’os, la journaliste avait effectué son travail de journaliste et présentait plusieurs points de vue sur le personnage polarisant.
J’ai terminé la lecture de l’article avec un grand sentiment de satisfaction. On m’avait présenté de l’information nourrissante, et pendant presque 6000 mots, mon attention n’avait pas fléchi.
J’ai poursuivi la lecture du magazine avec un intérêt renouvelé. Ça faisait très longtemps que je n’avais pas feuilleté L’actualité, et j’y ai trouvé des chroniques extrêmement pertinentes dans lesquelles, à mon avis, les auteurs et autrices avaient pris un pas de recul pour commenter et analyser les sujets. Ça m’a fait un bien fou de lire ça.
Avec la rédactrice en chef, Véronique Leduc, nous avons passé des heures à feuilleter des magazines d’ici et d’ailleurs, et nous y avons découvert au fil des pages de la créativité et de la pertinence qui nous ont inspirées pour insuffler un vent de nouveauté à Caribou. La flamme pour notre propre média a été ravivée.
Cette plongée dans les magazines des autres nous a également permis d’aborder l’avenir avec un optimiste renouvelé. Ça a nourri notre envie de nous commettre encore à produire un magazine papier, et ce, pour une 20e fois.
Je dois me confesser: je suis copropriétaire d’un magazine depuis 10 ans, mais j’en lisais de moins en moins. Je ne suis abonnée à aucune publication – trouvez l’erreur! –, je ne vais plus flâner dans les kiosques à journaux pour mettre la main sur un magazine et je n’ajoute plus le Elle Québec à mon panier lorsque j’attends à la caisse de l’épicerie.
J’ai souvent mis la faute de cette situation sur le fait que, comme je travaille dans le domaine, lire un magazine me rappelle trop le travail. Et soyons honnêtes: comme la plupart, je trouve plus facile de «scroller» sur mon téléphone que de lire un magazine.
En parlant du Elle Québec: la semaine dernière, je suis allée avec sept amies dans un chalet et l’une d’elles avait apporté l’édition de la rentrée, avec Janette Bertrand en couverture. Chacune d’entre nous, à un moment du week-end, s’est retrouvée avec l’exemplaire entre les mains pour savoir quels enseignements cette grande dame avait à nous partager à l’aube de ses 100 ans. Aurions-nous eu l’envie de lire cette grande entrevue sur un écran? Je ne crois pas.
Toutes ces observations m’ont amenée à réaliser qu’il bat encore, le cœur de l’intérêt pour le magazine, mais il n’est pas fort. Il est présentement sur le respirateur artificiel et il ne tient qu’à nous de le réanimer et de lui donner la place qu’il mérite.
Vous avez peut-être vu dernièrement aux nouvelles le cri du cœur des magazines culturels pour un meilleur financement. La crise des médias dure depuis des années, et cela tient du tour de force de produire un magazine papier de qualité en 2024. L’argent de la publicité a été dirigé massivement vers les GAFAM de ce monde et les créateurs de contenu.
J’ai pourtant espoir. Alors que mon magazine souffle ses 10 bougies, j’ai espoir que le désir des gens de réduire leur temps d’écran leur fera troquer leur cellulaire pour un magazine papier. J’ai espoir que les gens ont soif de faire taire le bruit ambiant et de prendre le temps de se plonger dans du contenu nourrissant qui fait appel à leur intelligence.
Je vous garantis qu’après avoir lu un magazine pendant une heure, vous ne ressentirez pas le vide et l’anxiété qui vous habitent après avoir passé une heure sur vos médias sociaux.
Je vous mets au défi: la prochaine fois que vous passez devant un kiosque à journaux, achetez un magazine, faites-vous un bon café et décrochez de vos écrans un instant.
Il y a tant de travail derrière la création d’un magazine, prenez le temps de l’apprécier et de le savourer. Retombez, vous aussi, en amour avec le magazine.
Geneviève Vézina-Montplaisir est cofondatrice et coéditrice du magazine Caribou, qui fête cette année ses 10 ans.
Envie de (re)tomber en amour vous aussi?
Rien de plus simple: procurez-vous notre dernier numéro Célébration ou abonnez-vous pour deux ans afin de multiplier le plaisir!