— Comment êtes-vous arrivée à la maison Michel-Sarrazin? 
Je suis native de Saint-Jean-Port-Joli. J’ai travaillé durant des années à La Roche à Veillon, un théâtre d’été où on offre des soupers-spectacles. En même temps, je m’occupais de mon père malade. Quand il est décédé en 2005, je suis venue rejoindre mon conjoint à Québec et j’ai cherché un emploi qui me permettrait de prendre soin des gens. J’étais rendue là dans ma vie.
— Qui nourrissez-vous au quotidien? 
Tout le monde! Les personnes malades, leurs proches, le personnel… Les gens qui sont admis ici prennent souvent leurs repas dans leur chambre, mais certains viennent à la salle à manger, où il règne une belle ambiance conviviale. Les gens jasent et rient; on a des moments de bonheur. On ne parle pas de maladie, mais de la vie à la maison, de nos fleurs, de la pleine lune… de tout et de rien, en fait, comme autour d’une table familiale.
— Qu’est-ce qu’on sert à manger dans une maison de soins palliatifs? 
De tout: de la lasagne, du poisson, des sandwichs, des hamburgers, des soupes maison, des salades, de la salade de fruits, du tapioca, des sundaes… On prépare beaucoup de classiques de la cuisine québécoise. Les gens nous disent souvent: «Je mangeais ça quand j’étais petit.»
Et ce menu est offert quasiment en tout temps. Même la nuit, les gens peuvent avoir accès à des collations. Les personnes malades mangent ce qu’elles veulent, quand elles le veulent. Comme ce sont leurs derniers moments, on trouve ça important de s’adapter à leurs besoins. Si quelqu’un a envie de manger des œufs bacon à 19h30, pas de problème!
— Quel est le plus grand défi pratico-pratique que vous ayez à relever? 
Comme chef d’équipe, je dois tout avoir en stock. En plus de la carte, on a un menu du jour conçu en fonction de ce que les gens réclament. Chaque jour, on leur présente le menu, puis, quand vient le temps de servir, on adapte la nourriture à leur état. Par exemple, les plats doivent parfois être liquides ou en purée. Au besoin, on coupe la viande en bouchées. Certains malades ont aussi des intolérances ou des allergies dont il faut tenir compte. Parfois, des gens nous demandent un repas plus léger ou seulement un bouillon… On ne sait jamais combien de repas on devra servir. C’est un beau défi.