Le Québec dans le panier: Au-delà des croyances sur les prix - Caribou

Le Québec dans le panier: Au-delà des croyances sur les prix

Publié le

13 mai 2022

prix aliments
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Les Québécois sont de plus en plus soucieux de ce qu’ils mettent dans leur panier d’épicerie. Devant les rayons, ils choisissent des aliments en fonction notamment de leur qualité, de leur empreinte écologique, de leur provenance et de la question du bien-être animal. Les deux tiers des consommateurs ont à cœur d’acheter des aliments locaux ou transformés au Québec. Le prix (encore plus en période d’inflation!) vient parfois freiner leur élan, et pourtant, il est tout à fait possible de prioriser les aliments d’ici sans vider son portefeuille!

Article présenté par Aliments du Québec

Suivez-nous dans les allées d’une épicerie afin d’en savoir plus sur les facteurs qui influencent les prix des produits québécois. Rayon après rayon, apprenez comment on fixe le prix des légumes, du tofu, du lait, des tartinades et des farines d’ici, et constatez les réelles retombées de votre achat local.

Au passage, nous déboulonnerons pour vous quelques mythes et préjugés sur le coût des aliments locaux. Cette balade vous aidera assurément à remplir votre panier de façon plus judicieuse et conscientisée, en laissant de côté les a priori. Bonne épicerie!

Prix panier epicerie

Plus chers, les aliments québécois?

«Il y a cette fausse perception qu’un aliment local est soit un produit frais, soit un produit du terroir, dit Isabelle Roy, directrice générale d’Aliments du Québec. Si on achète des produits fins, c’est dispendieux. Toutefois, une multitude de produits de consommation quotidienne sont très abordables. Sait-on qu’ils sont faits ou transformés au Québec?» Des exemples? Le jus de fruits Oasis, le yogourt Riviera, le pain Gadoua, les collations Krispy Kernels et les fèves Clark.

Premier arrêt: Des légumes abordables à l'année, mission... possible!

Dès qu’on franchit la porte automatique du supermarché, on se retrouve devant des étals remplis de fruits et légumes frais. Parmi les bananes, les brocolis et les poivrons importés offerts à prix doux, les produits québécois peuvent-ils tirer leur épingle du jeu toute l’année?

Bientôt du passé, la volatilité?
«S’il y a une catégorie qui est éclatée en termes de prix, c’est bien celle des fruits et légumes frais. Les prix fluctuent énormément en fonction des saisons, des conditions météo et de la qualité des récoltes. Il y a tellement d’éléments incontrôlables...», indique Sylvain Charlebois, directeur du Laboratoire des sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie. Le coût de l’énergie, des semences, des engrais et de la main-d’œuvre (actuellement tous en hausse) ont également une influence sur les prix. «Quand les prix montent d’un coup, ça peut tuer le marché, précise l’expert. On se souvient tous du chou-fleur à 9$ en 2016! Plusieurs pensent que les produits locaux sont trop chers tout le temps, alors que c’est faux.» En outre, les producteurs s’ajustent de plus en plus aux consommateurs et adoptent les principes de la gestion de la chaîne de demande. «On est à la croisée des chemins.»

concombres du quebec
Crédit : Serres Toundra

Légumes de serre en vedette
«On trouve de plus en plus de légumes de serre cultivés ici.» C’est une option intéressante pour avoir des produits frais et locaux à l’année, et les prix sont souvent compétitifs. En plus, un aliment cueilli lorsqu’il est mûr aura meilleur goût qu’un produit importé qui a souvent été récolté avant maturité», affirme Isabelle Roy, directrice générale d’Aliments du Québec. Cette offre est appelée à augmenter: le gouvernement du Québec a mis en place une stratégie visant à doubler la production d’ici 2025. Plus de 550 entreprises serricoles contribuent à la vitalité des régions par la création d’emplois, notamment en recherche et développement, en technologie et en agronomie. Les coûts en main-d’œuvre et en énergies sont importants, ainsi que les investissements de départ, mais saviez-vous que, pour les tomates, le rendement est jusqu’à 12 fois plus élevé qu’au champ?

Sont cultivés en serre des tomates, des miniconcombres, des poivrons colorés, des laitues, des fines herbes, des fraises et des framboises.

Ces surgelés à ne pas négliger
«On pense à tort que l’achat local se résume aux produits frais et on sous-estime l’offre québécoise au rayon des surgelés. Pourtant, on a une belle variété à des prix abordables. On peut aussi se tourner vers les conserves, dont les prix sont compétitifs», dit Mme Roy.

Plus de la moitié des Québécois prévoient augmenter leur consommation d’aliments québécois dans la prochaine année, tandis que 39% accordent déjà une grande ou une énorme importance à l’achat d’aliments locaux.

Deuxième arrêt: Explosion de la demande, on s'arrache le tofu!

Cuisiné en sauté, en salade ou en dessert, le tofu connaît une popularité sans pareille chez les Québécois. Sa consommation augmente de 20% par année! L’explosion de la demande est telle que des ruptures de stock en magasin surviennent occasionnellement. Même si la majorité du tofu consommé ici est importée, le marché du tofu québécois est en plein essor.

Bon produit, bon prix
Plus économique que le bœuf haché, le tofu est un aliment santé convoité. La refonte du Guide alimentaire canadien, en 2019, recommande de mettre une grande diversité de protéines dans son assiette, dont le soya. «Le tofu est un des rares produits qui coûte à peu près la même chose qu’il y a 20 ans. J’ai l’impression que, d’ici quelques années, les gens qui ont un budget serré vont se désintéresser de la protéine animale pour se tourner vers la protéine végétale, plus abordable», prévoit Sylvain Charlebois, de l’Université Dalhousie.

aliments du quebec
Crédit : Aliments du Québec

Jouer du coude pour l’espace sur les tablettes!
Pour répondre à la demande, les producteurs agrandissent leurs usines, tandis que des joueurs locaux ont fait leur apparition, comme Fontaine Santé, Unisoya ou encore SoyXpert, basé à Sherbrooke. «À pleine capacité, on produit 5 000 blocs de tofu par semaine. On a plus de 200 points de vente et on n’arrive pas à répondre à la demande, dit son président, Dany Deshaies. On n’a pas la capacité d’offrir des rabais ni de battre nos concurrents côté prix, mais ça viendra avec notre agrandissement.» Comme l’offre de tofu est diversifiée, «les consommateurs doivent être vigilants et chercher les logos qui assurent que les produits sont faits au Québec», souligne Isabelle Roy, d’Aliments du Québec.

Pour le Québec et pour l’environnement
«Notre entreprise a des valeurs sociales et environnementales, dit M. Deshaies. On veut encourager les producteurs et les travailleurs d’ici qui, au bout du compte, vont peut-être manger notre tofu!» L’entreprise s’efforce aussi de réduire son empreinte carbone en s’approvisionnant auprès de cultivateurs dans un rayon de quelques centaines de kilomètres.

Achat local

Acheter local: gagnant pour tous!

«Quand il achète des produits locaux, le consommateur soutient les producteurs et les transformateurs d’ici. Il “achète” aussi nos normes de qualité, de salubrité et d’environnement de travail qui sont parmi les plus élevées au monde. Sans oublier que ces aliments ont parcouru moins de kilomètres pour se rendre jusqu’à sa table, et que plusieurs produits sont pensés spécifiquement pour correspondre aux goûts des Québécois», dit Isabelle Roy, directrice générale d’Aliments du Québec.

Troisième arrêt: Le lait, une consommation bien ancrée dans nos habitudes

La consommation de lait de vache est bien ancrée dans les habitudes des Québécois. L’arrêt devant les rayons des produits laitiers est, pour plusieurs, un automatisme. Mais sait-on vraiment comment est fixé le prix de notre or blanc?

Gestion de l’offre
Depuis 1971, le Canada gère la production de lait de façon à ce qu’elle corresponde aux besoins du marché canadien. Le but: éviter les surplus, les fluctuations importantes de prix et garantir aux producteurs des revenus stables (en attribuant des quotas).

Hausse record du prix à la ferme
En vertu de la gestion de l’offre, la Commission canadienne du lait (CCL) détermine chaque année le prix qui sera payé aux producteurs pour leur lait. L’automne dernier, elle a recommandé une hausse de 8,4% pour aider les producteurs à souffler devant l’augmentation des coûts de production. «C’est la hausse annoncée la plus importante en plus de 50 ans», souligne Sylvain Charlebois. Le prix en épicerie en sera affecté. Au Québec, la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec s’ajuste à la CCL et fixe une fourchette de prix du lait au détail (à l’exception des laits biologiques, microfiltrés, à conservation prolongée, etc.). «On parle d’une augmentation de 4% à 6% pour le consommateur», dit M. Charlebois.

Du lait nordique bien de chez nous!
Plus de la moitié du lait canadien est produit au Québec. Comment savoir si l’on boit du lait d’ici? Dans les rayons, plusieurs produits, comme les laits Québon, Nutrilait et Béatrice, portent le sceau d’Aliments du Québec. D’autres vont plus loin. C’est le cas de la coopérative Nutrinor, qui compte 275 producteurs laitiers au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Son Lait Nordique met en valeur la région. «C’est un lait produit par des membres dont les fermes sont au nord du 48e parallèle, qui bénéficient des caractéristiques nordiques et où les animaux sont nourris majoritairement de fourrage de la région», explique Kelly Shipway, directrice principale, domaine agroalimentaire.

lait nordique
Crédit : Nutrinor

Manger québécois en hiver: changeons nos habitudes

«Le premier réflexe à adopter pour consommer local sans nuire à son budget est de privilégier les fruits et légumes de saison. Ils sont frais, goûteux et coûtent moins cher. Une autre astuce est d’être attentif aux promotions sur les produits de tous les jours: pain, produits surgelés, conserves, biscuits, yogourt, etc.», suggère Isabelle Roy, directrice générale d’Aliments du Québec. En vue de la saison froide, on mitonne des sauces, des marinades, des conserves et des confitures. Ne levons pas le nez sur les carottes, les choux, les courges, les navets, les patates, les pommes et les canneberges, tous offerts à l’année.

Aliments hiver

Quatrième arrêt: Confitures et tartinades, le savoir-faire québécois mis en pot

Éléments incontournables du petit-déjeuner québécois, les confitures et les tartinades occupent une place importante en épicerie. «La concurrence est assurément intense dans ce rayon», souligne Isabelle Roy, directrice générale d’Aliments du Québec. Plusieurs gros joueurs ontariens et américains rivalisent en matière de prix pour avoir accès à nos rôties. Pourquoi, alors, opter pour des produits québécois?

Miser sur le savoir-faire d’ici
«Acheter un produit transformé au Québec, c’est encourager le savoir-faire d’ici, insiste Mme Roy. Les transformateurs ajoutent de la valeur aux ingrédients cultivés ici, contribuent à notre économie, apportent de l’innovation au secteur. Les retombées économiques sont importantes.» Les tartinades et les confitures, dont plusieurs sont concoctées de façon artisanale, sont parfois plus chères qu’un produit industriel, étant donné les méthodes de production et la qualité du produit. On cherche alors les promotions ou on mise sur l’équilibre de son panier en économisant sur l’achat d’autres articles. Cela dit, les confitures Dora, par exemple, qu’on retrouve dans de nombreux points de vente dans la province, ne sont pas plus chères que les confitures importées d’Europe ou des États-Unis. Les confituriers d’ici se démarquent plutôt par la qualité de leurs produits, les méthodes de production et la variété des saveurs. Difficile de résister aux confitures de camerises, de baies d’argousier et de cerises de terre!

confiture locale
Crédit : Pied-Mont Dora

Un petit geste qui compte
En déposant un pot de tartinade Rescapés de l’organisme La Transformerie, qui propose des solutions concrètes au problème des invendus des épiceries, on fait bien plus qu’un achat local. «Nous sommes un organisme à but non lucratif dont l’objectif est d’enrayer le gaspillage alimentaire et de revaloriser les invendus en épicerie. Nos produits, ce sont d’abord des outils de sensibilisation», explique le chef Guillaume Cantin, directeur général de La Transformerie.

Les aliments sont collectés auprès de commerces montréalais partenaires et sont essentiellement redistribués dans des organismes de dépannage alimentaire. Les fruits, pour leur part, aboutissent à La Transformerie, où les bénévoles les trient, les nettoient et les transforment en tartinades, en marmelades et en sauces.

Cinquième arrêt: Farines québécoises, des grains d'ici sur la table

Au début de la pandémie, avez-vous été gagné par la folie du pain maison? En mars 2020, les ventes de farine ont bondi de 200% dans les grands magasins. Une belle occasion pour plusieurs de découvrir les farines québécoises.

Farines de spécialité
«L’offre de farines québécoises est belle et diversifiée. En épicerie, on trouve aujourd’hui des farines québécoises de blé, de sarrasin, de seigle, de pois jaune, d’épeautre... C’est la qualité et la diversité de l’offre qui expliquent des prix parfois plus élevés», explique Isabelle Roy, d’Aliments du Québec. «La mise en valeur au détail est difficile, en raison des petits volumes, indique Sylvain Charlebois, directeur du Laboratoire des sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie. Une farine québécoise misera davantage sur des marchés de qualité, comme les boulangeries indépendantes et la restauration.» Pour se démarquer, on mettra l’accent sur l’image de marque, la qualité des aliments, les valeurs de l’entreprise.

S’impliquer, depuis le grain jusqu’à la boulangerie!
La Milanaise propose quelque 60 produits biologiques en magasin. L’entreprise de Milan, en Montérégie, privilégie le travail en chaîne de valeur, selon un modèle d’économie circulaire. «C’est dans notre ADN. On suit le grain du champ à l’assiette, indique Alexandrine Paradis, porte-parole. Notre agronome travaille directement dans les champs avec les agriculteurs. Notre boulanger teste les farines, leur extensibilité, la qualité du gluten, et offre des conseils d’utilisation. On fait plus que vendre un produit de base.» En 20 ans, l’entreprise, pionnière du mouvement bio au Québec, a aidé plus de 260 agriculteurs à prendre le virage biologique.

25 000 produits de 1500 entreprises québécoises sont vérifiés par Aliments du Québec et portent un des logos de l'organisation, qui témoignent de leur provenance québécoise.


Sources:


Ce texte est paru initialement dans le numéro 15, ARGENT, sorti au printemps 2022.

numero argent
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