Personnalité Caribou 2021: Florence-Léa Siry, changer le monde avec le sourire - Caribou

Personnalité Caribou 2021: Florence-Léa Siry, changer le monde avec le sourire

Publié le

24 novembre 2021

Texte de

Benoit Valois-Nadeau

Photos de

Maude Chauvin

Pour son engagement en faveur d’une alimentation durable, pour son dévouement à faire connaître le pouvoir créateur de la nourriture et pour son talent de communicatrice qu’elle met au service de l’environnement, Florence-Léa Siry, experte en zéro gaspillage, est la personnalité Caribou 2021. 
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Pour son engagement en faveur d’une alimentation durable, pour son dévouement à faire connaître le pouvoir créateur de la nourriture et pour son talent de communicatrice qu’elle met au service de l’environnement, Florence-Léa Siry, experte en zéro gaspillage, est la personnalité Caribou 2021. 
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Plus grand que la panse

Pas facile de mettre le grappin sur Florence-Léa Siry! Son horaire semble réglé au quart de tour entre la création de recettes, les tournages télé, le lancement d’un nouveau livre, les formations qu’elles donnent un peu partout dans la province et son implication dans plusieurs initiatives de lutte au gaspillage alimentaire.

Lorsqu’elle se pose quelques instants pour nous rencontrer, elle revient de donner une conférence, une autre. «J’ai arrêté de compter à 125 [conférences] cette année!» explique-t-elle, un brin étourdie par le tourbillon de sa vie professionnelle.

Malgré tout, aucune trace de fatigue ou d’impatience chez elle. Toujours le même enthousiasme, le rire facile et le large sourire qu’on lui connaît. Et surtout, la même conviction qui rend contagieux son désir de changement.

«2021, c’est ma plus grosse année à vie, mais aussi c’est l’accomplissement de ce que je voulais faire quand j’ai incorporé mon entreprise [Chic Frigo Sans Fric] il y a bientôt 10 ans. Je suis exactement là où je voulais être à ce moment-là», dit-elle avec fierté.

Cette chaise qui lui sied si bien, c’est celle de l’entrepreneure multitâche qui se consacre de toutes les façons possibles à la valorisation de ce qu’on perçoit souvent comme des restes et des déchets.

Avec ses chroniques à l’émission Moi j’mange de Télé-Québec, ses populaires capsules sur les médias sociaux, ses cinq livres, dont le plus récent, le Défi Zéro Gaspi, et ses rencontres dans les écoles, la femme de 37 ans est devenue le visage de la lutte au gaspillage alimentaire au Québec.

Grâce à elle, on sait maintenant que la diminution du gaspillage alimentaire domestique est l’une des meilleures, si ce n’est la meilleure, façons d’agir individuellement pour contrer les changements climatiques.

Et on sait qu’on peut donner une deuxième, une troisième voire une quatrième vie à nos aliments, des fanes de carottes à la peau des clémentines, en passant par toute la gamme des légumes flétris. Tout cela dans le plaisir, en utilisant notre créativité.

Pour la cause

Celle qui se décrit à la fois comme «extravagante» et «ultra-timide» ne cherchait pas nécessairement les projecteurs lorsque l’aventure a commencé.

«Je fais un métier public, mais étrangement, quand il y a trop d’attention sur moi, je ne suis pas bien. C’est la cause qui prime, insiste-t-elle. Quand il est question de moi, je me sens très mal à l’aise, presque imposteur. Mais quand je parle de la cause, je peux discuter, dialoguer avec les gens et rayonner.»

C’est ce goût du dialogue qui lui fait dire que, si elle avait à choisir entre toutes ses activités, ce sont les conférences de sensibilisation qui deviendraient sa vocation principale. 

«Ce qui me fait le plus tripper, c’est de rentrer dans une classe avec des jeunes qui ne comprennent pas ce dont je vais leur parler, et de sortir de là en les sentant apaisés et super motivés à prendre soin de la planète.»

«J’ai été, et je suis encore tellement écoanxieuse, qu’aller dans les classes, écouter les jeunes, parler des solutions, c’est comme une petite thérapie chaque jour. Je ne peux pas rester à ne rien faire.»

Entre deux fous rires, Florence-Léa Siry n’hésite pas à critiquer l’inaction des grandes entreprises dans la lutte au gaspillage et leur obsession pour la croissance, parsemant au fil de la conversation l’idée d’une décroissance créative comme solution aux maux humains et environnementaux. 

L’entrepreneure à l’image léchée serait-elle aussi militante? 

«Ça fait à peu près un an que je peux dire que je suis militante, confie-t-elle. Avant, j’étais déjà dans l’anti-gaspillage et le zéro déchet, mais je le faisais par plaisir.»

Florence-Léa Siry

L’obtention d’un prix au gala Mammouth  2018, une soirée où les jeunes récompensent des actions et des gens qui les inspirent, a toutefois raffermi son désir d’engagement. 

«Dans les mois qui ont suivi, toutes les semaines il y a des élèves qui m’appelaient pour un travail sur le zéro déchet et l’environnement. Des étudiants du primaire à l’université qui avaient tous la même question: "est-ce que c’est vrai qu’on ne vivra pas sur une planète en santé, que notre avenir est en danger"? Ça m’a complètement bouleversée et j’ai pleuré pendant six mois. C’est là que je me suis dit: "OK, il faut agir"», raconte-t-elle avec émotions.

Sa réticence à se dire militante vient peut-être aussi du fait qu’elle en côtoie une «vraie de vraie» en la personne de sa mère, Denise Proulx, journaliste et enseignante en sociologie de l’environnement.

«On a des approches très différentes, ça fait des discussions très intéressantes!, rigole la jeune femme. Personnellement, je veux avoir une approche très rassembleuse, dans l’action. Je ne suis pas la bonne personne pour aller défendre ma cause au niveau politique, je n’ai pas cette patience.»

La manière FLS se caractérise plutôt par son emphase sur la créativité et l’autonomisation, plutôt que sur la culpabilisation et la confrontation. «J’ai envie de rassembler, que tout le monde se sente concerné et que ce soit agréable d’en discuter, dit-elle. On peut tellement s’épanouir et répondre à nos besoins en créant avec peu, c’est super valorisant.»

C’est en travaillant comme cantinière sur les plateaux de tournage que Florence a découvert ce qu’elle appelle «le pouvoir de l’alimentation».

«J’y ai trouvé un moyen de m’épanouir et de communiquer avec les gens», dit celle qui est ensuite devenue cheffe et traiteuse. C’est aussi là qu’elle a constaté les méfaits du gaspillage alimentaire et qu’elle a commencé à trouver des solutions pour y remédier.

«Plus je cuisinais avec rien, plus j’avais du succès, plus je me sentais épanouie. Le zéro gaspi m’a permis de me définir en créant. Être entourée de saveurs, de couleur, ç'a tellement stimulée mes cinq sens que j’ai l’impression de m’être modelée moi-même comme personne. C’est un sentiment puissant.»

Passer le flambeau

Malgré le succès de son entreprise (ou peut-être à cause de celui-ci), elle songe à tranquillement passer le relais de l’antigaspi. «J’ai vraiment consacré 10 ans de ma vie à la cause, mais pendant ce temps j’ai donné un gros coup de pied dans face à ma vie personnelle. J’ai envie de rééquilibrer les choses», avoue-t-elle.

«La coupure ne sera pas radicale, mais il y a eu un point de rupture. J’ai tout dit ce que je pouvais dire. J’aimerais que quelqu’un d’autre prenne le relais.»

À moyen terme, elle rêve d’un projet d’autonomie alimentaire sur la terre familiale dans les Basses-Laurentides couplé à un salon de thé ou une «école de la forêt» à la scandinave.

«J’ai envie de sortir du cadre de la cuisine, je veux explorer. J’ai envie de créer un lieu où le dialogue sera à l’honneur, sur le même pied que la nourriture.»

La philosophie zéro gaspillage sera évidemment toujours présente chez elle. Et parions que parmi tous les élèves qu’elle a rencontrés, les lecteurs et les téléspectateurs qu’elle a touchés, plusieurs pourront pour reprendre le flambeau, pour la suite du monde. 

➤ Son site web
➤ Son dernier livre: Défi Zéro Gaspi, aux Éditions de l’Homme

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