Une journée de vendanges - Caribou

Une journée de vendanges

Publié le

07 septembre 2023

Texte de

Véronique Leduc

Photos de

DAPH & NICO

Les Québécois n’ont plus besoin de voyager sur le Vieux Continent pour vivre l’expérience des vendanges. Depuis quelques années, de plus en plus de vignobles québécois ouvrent leurs rangs aux personnes voulant bien donner un peu de leur temps pour récolter les raisins qui deviendront vin. Les trois fondatrices du magazine Caribou se sont prêtées à l’expérience l’automne dernier. Récit.
vendanges
Normand Guénette, copropriétaire du vignoble Le Chat botté
Les Québécois n’ont plus besoin de voyager sur le Vieux Continent pour vivre l’expérience des vendanges. Depuis quelques années, de plus en plus de vignobles québécois ouvrent leurs rangs aux personnes voulant bien donner un peu de leur temps pour récolter les raisins qui deviendront vin. Les trois fondatrices du magazine Caribou se sont prêtées à l’expérience l’automne dernier. Récit.
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L’automne venu, les vendangeurs, à l’image des vignerons, doivent se tenir prêts à réagir vite. Parce qu’entre les vignes, c’est la météo qui décide.

«On ne sait jamais exactement quand ça aura lieu, explique Normand Guénette, copropriétaire du vignoble Le Chat botté, à Hemmingford, en Montérégie. Habituellement, ça se fait lors des deux ou trois premières fins de semaine d’octobre, mais en 2021, ç’a été un peu plus tôt.» Ainsi, le 4 octobre 2022, il ne restait qu’à couper les raisins des quatre derniers rangs du vignoble biologique, qui propose une quinzaine de vins différents. Le reste des quatre hectares de vignes avait été récolté la fin de semaine précédente grâce à une grande corvée réunissant une trentaine de volontaires le samedi et une quarantaine le dimanche. «Des feuilles ont gelé il y a quelques jours, mais le premier vrai gel a eu lieu cette nuit», explique le vigneron, précisant que la vingtaine de cépages qu’il cultive ne gagnent pas à subir plusieurs gels, comme c’est le cas pour certains raisins qui deviennent plus sucrés sous le coup du froid. Normand et sa conjointe, Isabelle, devaient donc agir rapidement.

Au boulot!

La journée est belle et ensoleillée. Normand donne les consignes aux trois néophytes armées d’un sécateur que nous sommes: il faut dégager la grappe et couper au milieu de la tige qui la rattache à la vigne, s’assurer qu’il n’y a pas de raisins moisis ni de coccinelles (qui donnent mauvais goût au vin), et retirer ceux-ci le cas échéant, puis déposer la grappe dans la caissette au sol jusqu’à ce que celle-ci soit presque pleine. On laisse ensuite la caissette sous les vignes avant de passer à une autre. Les vignes de frontenac du Chat botté sont en conduite haute (c’est-à-dire qu’elles sont taillées pour prendre de la hauteur), un avantage pour nous, qui pouvons alors travailler debout. Nous partons chacune d’une section du rang pour nous rejoindre à un moment donné.

En coupant les grappes, Normand parle de la fin de semaine qui vient de passer et des corvées des dernières années. «Les gens qui viennent nous aider travaillent certainement moins vite que des employés qui seraient habitués, mais quand ils sont une quarantaine, ça aide quand même, indique-t-il. On calcule qu’une personne cueille entre 100 et 150 kilos de raisins dans une journée. La récolte annuelle tourne autour de 22 000 kilos. Je trouve que ça crée aussi, pour les volontaires, un attachement au vignoble. D’ailleurs, plusieurs cueilleurs reviennent d’année en année.»

Normand et Isabelle ont planté leurs premières vignes en 2004. Au départ, c’était leur entourage qui venait faire les vendanges, mais le couple a décidé de faire appel à des bénévoles en 2012. Depuis, les vignerons organisent des journées de travail en groupe à l’automne. «Nous débutons la journée vers 8 h 30 en donnant les explications et nous cueillons jusqu’au lunch, que nous préparons nous-mêmes. Puis nous récoltons à nouveau les raisins jusqu’à 16 h 30, explique Normand. Nous terminons la journée avec un apéro près des vignes, ce qui nous permet de remercier les gens et de leur faire goûter quelques-uns de nos vins.»

Les semaines de vendange et de grandes corvées représentent toujours une période intense pour les vignerons, mais Normand assure que ce sont de beaux moments.

«Je vois ça comme l’aboutissement de plusieurs mois de travail. Et quand vient le temps de faire les vendanges, ça veut dire qu’on s’est rendus au bout et qu’on a des raisins à récolter, ce qui, au fond, est un privilège!»
Normand Guénette

Tout en discutant, nous devenons rapidement plus habiles avec les sécateurs et constatons même qu’il y a quelque chose de méditatif dans cette activité manuelle. Trois heures plus tard, nous achevons de récolter les quatre rangées de frontenac qu’il manquait pour achever officiellement les vendanges 2022 du Chat botté.

Parmi les rangs, un des deux employés du vignoble passe en tracteur pour prendre les caissettes pleines, qu’il apportera jusqu’au chai, où les raisins passeront par plusieurs étapes avant d’être mis en bouteille dans quelques mois.

Déjà, nous nous promettions de revenir faire les vendanges l’automne prochain et de venir goûter les vins qui seront issus de «nos raisins».

Je veux vendanger!

Si vous souhaitez vivre l’expérience des vendanges, vous devez d’abord trouver quels vignobles accueillent le public, puis vous inscrire en ligne. Vous pouvez également surveiller les médias sociaux des vignobles, sur lesquels on indique aux volontaires quelles sont les journées de vendange, en fonction de la météo.
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