Séparé, avec deux jeunes enfants en garde partagée, il rejoint l’année suivante le restaurant L’Arlequin, à Rimouski, comme chef du midi. Demi-finaliste à l’émission de télévision Les chefs!, édition 2022, il décide ensuite de voler de ses propres ailes, mais sans pour autant rêver d’ouvrir son restaurant.
Coureur, surfeur, cueilleur
Courts cheveux bruns et fine moustache, Adrian Pastor a un physique de grand sportif. Surfeur émérite au Pérou, il court après les grosses tempêtes en Gaspésie ou en Nouvelle-Écosse. Au quotidien, dit-il, «je me lève très tôt et pars courir. Ces moments de silence et d’observation de la nature m’énergisent et font partie intégrante de mon processus de création en cuisine». Cueillir épinard de mer, gesse maritime, livèche écossaise, pousses d’épinettes, champignons et fruits sauvages est aussi essentiel à son équilibre de vie.
«La cuisine est pour moi une façon de communiquer, ajoute-t-il. Je ne vis pas dans la nostalgie de mon pays d’origine. Comme humain, on a des racines mobiles qui permettent de s’adapter et de créer un sentiment d’appartenance à notre lieu de vie.»
Il faut goûter ses huîtres (de Trésor du large): avec mignonette à la purée de camerise, fenouil et échalotes, œuf de poisson volant et faux caviar au jus d’huître gélifié. Ou ce plat de «chef au chalet» inspiré de ses racines péruviennes et de la forêt boréale du Bas-Saint-Laurent: une boule de pâte froide de pommes de terre à l’huile de sapin baumier, surmontée d’un pétoncle poêlé sur lequel coule un exquis fumet de flétan et crème réduite. Son dessert «terre et mer» fétiche, façon tarte au citron? Un fond de tarte à l’encre de seiche, jus de rhubarbe, ganache parfumée au foin d’odeur rappelant la vanille, et fleur de centaurée.
Son projet pour octobre: quatre ateliers culinaires donnés au restaurant L’Arlequin à propos de l’oursin du Saint-Laurent, histoire «de démystifier le produit, de savoir où s’approvisionner et de l’intégrer dans notre alimentation». Le chef apprécie par-dessus tout le contact direct avec le client, pour transmettre son message: celui de «quelqu’un qui vient d’ailleurs et communique son adaptation au territoire dans des créations culinaires à base de produits régionaux».