— L’industrie de la distillation semble en difficulté au Québec, qu’est-ce qui bloque? Quels sont les irritants?
L’alcool et le monopole d’État sur l’alcool sont des sujets très complexes et délicats au Québec. L’alcool n’est pas traité sur le même pied d’égalité que le reste de la transformation alimentaire. Le problème part de là. Que l’on fasse du fromage, du pain, des légumes, ou des barres de granola, au Québec, on est régie par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), et au Canada par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA). Dès qu’on fait de l’alcool, on est soudainement régis par quatre instances gouvernementales: la Régie des alcools, des courses et des jeux (RACJ), la santé publique, le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie (MEI) et plus particulièrement le ministère des Finances. Les lois sur les alcools ont été rédigées il y a très longtemps. Il serait peut-être temps de les rendre aussi contemporaines et dynamiques que notre industrie.
— Quels sont tes objectifs comme présidente?
L’angle qui guide ma vision en tant que présidente de l’UQMD, est celui du développement durable et de l’agriculture québécoise. Je pense que dans l’ère alimentaire dans laquelle nous évoluons, l’avenir est à la consommation de proximité. Dans notre assiette, dans nos verres, dans nos paniers d’épicerie, dans nos marchés, nous devons prioriser l’agriculture québécoise. Il y aura toujours de l’importation, mais nous devons garder une place au chaud pour l’agriculture québécoise. Parmi les enjeux principaux de l’UQMD, les plus centraux sont la cohabitation avec notre unique distributeur, la SAQ, ainsi que les changements réglementaires. Par exemple, on suggère d’ouvrir les canaux alternatifs de distribution, soit de légaliser la vente de spiritueux dans les marchés publics, permettre la vente directe de spiritueux dans les restaurants, et plus encore.
— Qu’attendez-vous du gouvernement?
À l’heure actuelle, nous sentons que le gouvernement a le pied sur la pédale de frein concernant tout le dossier des alcools. Si cette énergie de résistance et de contrôle était dirigée à essayer de dénouer les problèmes, on aurait déjà réglé le dossier des alcools au Québec. Des solutions, il y en a, et des gens motivés à faire avancer le dossier, aussi. Beaucoup d’individus au sein du gouvernement nous soutiennent avec ferveur, mais se voient freinés dans leur volonté.