Même s’il constate que le milieu est plus sain qu’auparavant, le climat montré dans Le Plongeur est pour lui encore «très réel». «C’est encore présent aujourd’hui dans certains restaurants, c’est une culture assez longue à éroder», note celui qui travaille aussi en restauration.
Le cofondateur de Remise en place voit deux sortes de personnes qui développent des problèmes de dépendance. D’abord, ceux qui se dirigent vers le milieu de l’hospitalité parce qu’ils ont déjà tendance à consommer. «C’est une place de party, un environnement qui correspond à leurs envies.» Ensuite, ceux qui se lancent en cuisine par passion, mais qui s’empêtrent dans les tentations ubiquistes. «Certains restos à Montréal offrent jusqu’à quatre consommations gratuites par soir à leurs employés; c’est là que les problèmes débutent.»
Il rassure toutefois: les changements du milieu permettent maintenant de choisir un employeur qui priorise la santé mentale. Avant de raccrocher, J. C. lance avec confiance: «Il y a de l’espoir!»
Le grand nettoyage
C’est le cas à Côté Est, où le modèle d’entreprise a évolué pour mettre l’humain en priorité, avant le business. Par exemple, le restaurant n’est ouvert que quatre jours par semaine, les salaires et les conditions de travail sont meilleurs. «Quand tu travailles 90 heures semaine, tu n’as pas le temps de te reposer et de faire une autre chose de ta vie. Je ne retournerais jamais à ça», explique Kim Côté, le propriétaire, qui a arrêté de consommer il y a cinq ans.
Ces nouvelles pratiques axées sur le respect ont été propulsées par la pandémie. «La réinvention [de l’éthique de travail], ce n’est pas quelque chose qu’on peut faire sur le coin d’une table», affirme Robert Laporte, qui croit que c’est l’arrêt forcé qu’a provoqué la pandémie qui a permis à certains de revoir leurs façons de faire. «C’est le restaurateur qui doit prendre un pas de recul, changer sa façon de communiquer, d’encourager, de valoriser et de mobiliser son équipe.» Le professeur à l’ITHQ souligne que de tels gestes amplifient le sentiment d’appartenance des employés envers leur milieu de travail.