Les Producteurs en serre et l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec voient d’un bon œil cet essor. «C’est positif, car ça nous dit qu’il y a une demande», explique Stéphanie Forcier, directrice de l’Association.
Une culture d’avenir prometteuse
André Mousseau connaît les critiques parfois adressées à la fraise de serre. Il est d’avis que la culture de la fraise se justifie tout aussi bien que celle de la tomate, qui domine la production québécoise de fruits et légumes de serre. Pour lui, le potentiel de la fraise de serre est indéniable.
«On a beaucoup évolué. Pour réduire l’utilisation des pesticides, il y a 10 ans, il y avait peut-être 6 insectes prédateurs qu’on pouvait mettre dans les serres. Aujourd’hui, il y en a 30.»
Le plus grand défi demeure l’accès à des sources d’énergie propre et abordable. Différentes options sont actuellement explorées par les producteurs. «Il y a plein de chaleur qui se perd à l’heure actuelle et qui pourrait être récupérée, dans une logique d’économie circulaire. J’ai un producteur qui chauffe ses serres de tomates aux biogaz d’un dépotoir», raconte-t-il avec enthousiasme.
Le gouvernement Legault a d’ailleurs annoncé le 12 septembre dernier 9 millions de dollars supplémentaires pour permettre aux serriculteurs d’augmenter leur efficacité énergétique en raccordant leurs fermes aux réseaux triphasés d’Hydro-Québec.
«C’est une initiative cohérente avec la volonté du gouvernement d’accroître notre autonomie alimentaire avec les serres», souligne Stéphanie Forcier.
Un élément d’une stratégie d’autonomie alimentaire
L’environnement contrôlé de la serre permet de limiter les effets néfastes des changements climatiques et de s’y adapter.
Pour André Mousseau, ce n’est toutefois pas parce qu’on est en serre qu’on est à l’abri. «Les changements climatiques amènent de nouveaux défis pour les producteurs en serre. Si on a trois nuits en ligne où il fait plus de 20 ou de 22 degrés dans la serre, les plants ne résistent pas. S’il pleut pendant une semaine, l’humidité va monter.»
Il ne s’agit pas non plus de tout miser sur les serres. «Je crois au déploiement parallèle d’une filière pour surgeler les fraises, ajoute Stéphanie Forcier. On a toujours des surplus de fraises en haute saison. On n’a pas de projet structurant qui nous permettrait d’offrir aux consommateurs autre chose que des sacs de fraises surgelées du Chili ou de la Chine.»
Pour l’instant, l’Association n’a d’autre choix que d’encourager les consommateurs qui veulent ajouter des fraises surgelées à leurs recettes l’hiver à faire eux-mêmes leurs provisions à l’automne.
Même son de cloche du côté d’André Mousseau, pour qui la fraise de serre n’est pas destinée à supplanter la fraise de champ.
«Au mois de janvier, quand j’ai le goût d’un peu de soleil, je m’en achète un petit panier. C’est bon pour mon moral, et ça encourage mon producteur local. Oui, c’est peut-être le double du prix, ce n’est pas quelque chose que tu achètes tous les jours, mais une fois de temps en temps, pour te faire plaisir, pourquoi pas?»
Chose certaine, la fraise fraîche (serre et champ) a parcouru beaucoup de chemin depuis le temps où elle était disponible seulement de trois à quatre semaines par année.