Pour le printemps, Caribou emprunte divers CHEMINS! Il y a les chemins que prennent nos aliments, ceux empruntés pour faire des découvertes culinaires, ceux qui racontent une histoire, ceux que prennent nos vies sans qu’on s’y attende… C’est aux CHEMINS dans tous les sens du terme que Caribou consacre sa nouvelle édition printanière.
Publié le
02 juillet 2024
Texte de
Martin Thibault
Contrairement à la framboise très prisée des brasseurs occidentaux, la fraise tend plutôt à amener des défis aux manieurs de fourquet. Preuve à l’appui: la seule tradition brassicole sur la planète où ce petit fruit est mis en valeur en masse est celle des Quechuas du Pérou. En effet, les brasseuses des environs de la vallée sacrée se spécialisent en chicha, une bière de maïs qui ressemble à s’y méprendre à une IPA; uniquement au niveau visuel, cela dit! Lorsque les fraises sauvages sont en saison, ces dames conçoivent alors une version sucrée et fruitée de la chicha dont raffole la clientèle locale. C’est d’ailleurs cette recette que La Souche, microbrasserie de Stoneham, a émulé en brassant une bière aromatisée aux fraises de l’île d’Orléans, fermentée à l’aide d’un levain provenant directement d’une chicheria péruvienne. Nommée Frutillada, comme la version originale, elle propose un parfum envoûtant de fraise bien mûre avant de plonger dans une délicate acidité désaltérante.
De son côté, Le Naufrageur, microbrasserie de Carleton-sur-mer, est une des premières microbrasseries du Québec à avoir trouvé une façon d’intégrer la fraise dans la bière sans dénaturer ses arômes. Il y a près d’une quinzaine d’années déjà, l’équipe gaspésienne devenait partenaire – le temps d’un brassin annuel – avec la ferme Bourdages en mettant en valeur la lie de leur vin de fraise dans une bière qu’elle nomma À la Bourdages. La bière est toujours produite de façon saisonnière aujourd’hui, mais c’est une nouvelle recette du Naufrageur que nous vous présentons ci-dessous!
Définitivement une des plus belles façons d’intégrer la fraise dans la bière, cette bière acidulée n’exagère pas dans le surette, préférant respecter la signature naturelle du fruit. Rafraîchissante comme pas une, on a l’impression de s’être accroupi dans un champ pour déguster quelques fraises pendant la cueillette!
Inspirée des berliner weisses – ces bières de blé acidulées de Berlin – cette version gaspésienne se veut aussi désaltérante que l’originale. Elle équilibre aussi les sucres de la fraise avec l’acidité délicate obtenue via des lactobacilles, des bactéries lactiques que l’on goûte habituellement dans un yogourt nature.
L’ajout de sel dans cette bière acidulée rappelant celles de Leipzig insuffle une touche rafraîchissante à chaque gorgée. L’acidité est quand même présente, rendant le tout très digeste, telle une limonade dans laquelle le citron a été agrémenté de fraises et de rhubarbe.
Étant souvent légères et surettes, les bières à la fraise se marient aisément avec des salades du jardin décorées d’une vinaigrette de petits fruits. Côté dessert, les gourmets-gourmands aimeront sûrement les accorder à une pavlova ou même ce surprenant gâteau aux carottes et framboises!
