Il n’y a pas que ça qui a changé en 10 ans: «Le milieu s’est organisé, il y a plus de semenciers. Des OBNL [Organismes sans but lucratif] ont vu le jour, des jeunes ont lancé de nouveaux projets. Internet haute vitesse est arrivé dans nos rangs éloignés! Des chefs ont viré végé!»
Les gens sont mieux informés qu’ils ne l’étaient avant, aussi. «En 2004, quand je faisais des démos avec des carottes de couleurs, tout le monde pensait que c’était des variétés génétiquement modifiées. Les gens assumaient que la diversité, c’était le futur. Pourtant, on a perdu beaucoup de variétés végétales avec l’avènement de l’industrialisation. Au fond, ils voyaient l’entonnoir à l’envers», se remémore Patrice Fortier.
Ces avancées ont un prix: une pression de performance qui s’est décuplée au fil des années. «Moi, ce que je vis, c’est un monde excessivement plus compétitif qu’il y a 10 ans», confie le semencier, qui vend ses produits en ligne et dans sa boutique physique depuis 2022. «Trop souvent, on est comparés avec de gros joueurs, rapides et bon marché, alors que nous sommes des artisans avec une microéquipe.»