C’est notamment le cas du papillon monarque qui, pour pondre, a besoin de l’asclépiade, une plante longtemps considérée comme une mauvaise herbe par l’industrie agricole. «C’est la seule espèce que sa chenille peut consommer. Pas d’asclépiades, pas de monarques», résume-t-il en faisant allusion au déclin du lépidoptère récemment classé «en voie de disparition» au Canada.
Un autre exemple est donné par le phragmite, une graminée vivace extrêmement envahissante qui forme des colonies le long de nos autoroutes et de nos routes de campagne. En envahissant les fossés, cette plante originaire d’Eurasie a délogé la quenouille, qui procurait habitat et nourriture au cryptophage des quenouilles en plus de servir de lieu de nidification pour le petit blongios (un échassier au statut vulnérable). De façon contrastée, le phragmite, qui héberge 170 herbivores dans son aire de répartition naturelle, n’attire pas plus de 5 variétés d’insectes ici.
Pour Philippe Denis, cette perte de biodiversité est notamment liée à la pression exercée par les espèces exotiques qui ont été introduites en Amérique du Nord. «L’industrie de l’horticulture ornementale propose dans les jardineries toutes sortes de plantes, dont certaines sont hautement invasives. Celles qui ne le sont pas ont souvent une fonction purement esthétique. D’un point de vue écologique, ce sont quasiment des nains de jardin!» explique-t-il
À cela s’ajoute notre façon d’occuper le territoire. «On a développé un cadre bâti qui a éliminé les habitats des végétaux sauvages et indigènes au profit de surfaces minéralisées, de monocultures et de terrains couverts de gazon», constate-t-il.