L’automne venu, les vendangeurs, à l’image des vignerons, doivent se tenir prêts à réagir vite. Parce qu’entre les vignes, c’est la météo qui décide.
«On ne sait jamais exactement quand ça aura lieu, explique Normand Guénette, copropriétaire du vignoble Le Chat botté, à Hemmingford, en Montérégie. Habituellement, ça se fait lors des deux ou trois premières fins de semaine d’octobre, mais en 2021, ç’a été un peu plus tôt.» Ainsi, le 4 octobre 2022, il ne restait qu’à couper les raisins des quatre derniers rangs du vignoble biologique, qui propose une quinzaine de vins différents. Le reste des quatre hectares de vignes avait été récolté la fin de semaine précédente grâce à une grande corvée réunissant une trentaine de volontaires le samedi et une quarantaine le dimanche. «Des feuilles ont gelé il y a quelques jours, mais le premier vrai gel a eu lieu cette nuit», explique le vigneron, précisant que la vingtaine de cépages qu’il cultive ne gagnent pas à subir plusieurs gels, comme c’est le cas pour certains raisins qui deviennent plus sucrés sous le coup du froid. Normand et sa conjointe, Isabelle, devaient donc agir rapidement.
Au boulot!
La journée est belle et ensoleillée. Normand donne les consignes aux trois néophytes armées d’un sécateur que nous sommes: il faut dégager la grappe et couper au milieu de la tige qui la rattache à la vigne, s’assurer qu’il n’y a pas de raisins moisis ni de coccinelles (qui donnent mauvais goût au vin), et retirer ceux-ci le cas échéant, puis déposer la grappe dans la caissette au sol jusqu’à ce que celle-ci soit presque pleine. On laisse ensuite la caissette sous les vignes avant de passer à une autre. Les vignes de frontenac du Chat botté sont en conduite haute (c’est-à-dire qu’elles sont taillées pour prendre de la hauteur), un avantage pour nous, qui pouvons alors travailler debout. Nous partons chacune d’une section du rang pour nous rejoindre à un moment donné.