Goûter Bellechasse sur ses chemins de campagne - Caribou

Goûter Bellechasse sur ses chemins de campagne

Publié le

10 juillet 2017

publicité
Bellechasse? C’est le Saint-Laurent et la chaîne des Appalaches: le fleuve, la montagne, la grève, la forêt. «Ce sont les meilleurs brocolis de la terre, ceux des Jardins du Futur Simple! Mais c’est surtout la région vers laquelle je reviens toujours», explique Vickie Langlois. Voici le portrait d’une jeune femme qui fait tout en son possible pour mettre en valeur le territoire qui l’a vue grandir. Texte et photos d’Hélène Raymond J’ai croisé Vickie Langlois une première fois en février. On m’avait vanté son talent. Ce jour-là, elle était affairée à nourrir les motoneigistes dans la cuisine d’un relais dont elle détenait la concession, pour un deuxième hiver. Je me rappelle avoir croqué dans des saveurs de fin d’été, grâce à une salade composée de chou, carottes, radis roses conservés dans les caveaux. Seul compromis: le céleri et la roquette, venus d’ailleurs. En plein cœur de l’hiver, personne ne pouvait lui en fournir d’origine locale. Un régal de fraîcheur et d’équilibre. À l’ardoise: beignet de carottes, chèvre frit, crêpe de porc effiloché, nougat glacé au miel. Sous chaque plat: le nom d’une ferme. «Je n’en peux plus de la friture!» disait-elle pourtant en venant me retrouver, avouant avoir du mal à implanter son concept en pareil lieu. Une grande partie des clients réclamaient une poutine qu’elle se devait d’apprêter, même si elle n’apparaissait pas au menu. Au début de la trentaine, elle songeait à tout abandonner. Vickie Langlois n’a que vingt ans quand elle convainc sa famille de l’aider à acquérir un restaurant de village. Pendant quatre ans, elle fait ses classes à la dure. Si la vie sociale de ses amis est bien remplie, la sienne manque cruellement de diversité. Elle travaille tout le temps, ajoute une formation en pâtisserie et 120 kilomètres au compteur de sa voiture pour chaque soirée d’apprentissage. D’un de ses professeurs, elle apprend l’importance de la simplicité. Après la vente du restaurant, elle prend en charge l’atelier de pâtisserie d’un établissement local où elle reproduit des desserts plutôt classiques, «sans jamais sacrifier à la qualité», tient-elle à préciser. À la fin de ce contrat, en voyage, on l’embauche pour fabriquer des dizaines de milliers de crêpes dans un des kiosques du Marché de Noël de Strasbourg. Elle trouve sa voie: «C’est en Alsace que j’ai su que je voulais cuisiner dehors, travailler dehors et multiplier les contacts directs avec la clientèle.» Au retour, elle achète une micro-remorque qui deviendra la roulotte gourmande J’aime Bellechasse. Après un premier été d’opération, elle poursuit sa formation en cuisine, remporte le Concours de la relève de la Fondation Serge-Bruyère, travaille un peu en Martinique grâce à sa bourse et revient dans son fief. [gallery type="rectangular" size="large" ids="2655,2657"] Elle rentre au bercail pour être prophète en son pays! «J’ai une tête de cochon, il faut, dans des milieux comme les nôtres, que quelqu’un propose une offre locale si on veut que les mentalités changent!» Depuis cinq ans, tous les étés, elle se déplace au gré des fêtes de villages et des contrats de traiteur. Elle va partout où on la réclame, à condition de pouvoir créer chaque fois un menu de circonstance, qui soit le reflet de la saison. Bellechasse profite de ce concept unique de restauration mobile qui fait honneur aux produits et surtout aux producteurs qu’elle dit aimer plus que tout. Quand on lui demande pourquoi, la réponse fuse: «Je trouve que l’achat local est une façon saine de consommer sa nourriture. Quand je donne mon argent à quelqu’un que je connais, je change toute la dynamique régionale. Avant, les gens couraient les rangs pour acheter leurs produits. On a perdu ça et, en même temps, l’assurance de la fraîcheur absolue.» Initiatrice du projet du Marché du cœur de Bellechasse, elle continue de visiter chacun de ses fournisseurs pour s’approvisionner.
«Je trouve que l’achat local est une façon saine de consommer sa nourriture. Quand je donne mon argent à quelqu’un que je connais, je change toute la dynamique régionale.» –Vickie Langlois
Au lendemain de cette expérience hivernale qui a mis son courage à rude épreuve, elle a choisi de revenir vers sa roulotte, plus déterminée que jamais. Les pots de fraises, rhubarbe, fleurs d’ail et bourgeons d’épinette s’empilent déjà dans sa réserve. À voix haute, elle planifie le 12 août prochain la Grande tablée de Bellechasse, où elle accueillera ses convives en plein champ, dans un restaurant éphémère. Et à l’automne, elle s’installera au Pub de la Contrée, un beau projet d’économie sociale qui, en transformant la caisse populaire de Buckland en microbrasserie, a ranimé le village. C’est là qu’elle se mettra à l’abri pendant les saisons froides. En cuisinant des produits locaux, Vickie Langlois dessine les contours du terroir. Souhaitons qu’on se serre les coudes autour de ses plats. Et quand on y pense, il revient d’abord aux résidents des régions de soutenir ceux et celles qui les distinguent et les racontent, jusque sur la table. *** En attendant sa prochaine chronique, vous pouvez suivre Hélène Raymond sur son blogue, ainsi que sur Twitter. Blogue: heleneraymond.quebec Twitter: @heleneraymond
publicité

Plus de contenu pour vous nourrir