Cocktail du moment: microdistilleries et produits désinfectants - Caribou

Cocktail du moment: microdistilleries et produits désinfectants

Publié le

25 mars 2020

Distillerie désinfectant
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«On ne le fait pas pour la visibilité, on fait juste notre possible pour répondre à un besoin», lance le distillateur en chef de La Chaufferie Vincent Van Horn. Comme plusieurs autres microdistilleries québécoises, La Chaufferie, située à Granby, s’est rapidement transformée en petite usine de fabrication de produits désinfectants. Comment les fabricants de spiritueux en sont-ils arrivés à confectionner de tels produits? 

Texte de Pénélope Leblanc 

«À cause de la pénurie de gel antiseptique [en raison de la crise de la Covid-19], on a eu une tonne de personnes qui nous ont écrit: des infirmières, des pharmaciens, des épiceries. Ils avaient tous besoin de désinfectant», souligne Jean-Pierre Allard, président de la microdistillerie Stadaconé, située à Québec.

«L'alcool ça ne périt pas, donc on n’aurait pas nécessairement eu de perte avec le ralentissement de notre production. On le fait parce qu’on peut et qu’on veut aider.»

Jean-Pierre Allard, président de la microdistillerie Stadaconé

Seulement quelques microdistilleries québécoises produisent leur alcool neutre, les autres l’achètent avant de le transformer. Dans les deux cas, la plupart des distilleries qui contribuent à la fabrication de désinfectants pour les mains (de type Purell) ont cessé temporairement leur production de spiritueux. Les artisans qui ne font par leur alcool neutre épuisent donc leur approvisionnement pour le transformer en désinfectant plutôt que de l’aromatiser pour en faire du gin, par exemple. 

L’éthanol, qui entre dans la composition de spiritueux, est le principal ingrédient pour produire le gel antibactérien. C’est cet ingrédient qui permet aux microdistilleries de fabriquer du désinfectant pour les mains. 

Pour concocter ce gel antiseptique à base d’alcool, les microdistilleries se fient notamment à la recette publiée par l’Organisation mondiale de la Santé, puis aux indications de Santé Canada. La méthodologie consiste à mélanger de l'éthanol, du peroxyde, de l'hydrogène, du glycérol, ainsi que de l'eau distillée.

La secrétaire générale de l’Association des microdistilleries du Québec (AMDQ), Annick Van Campenhout, explique que la plupart des désinfectants produits par les microdistilleries ne seront pas vendus directement au consommateur, mais serviront plutôt aux organismes et aux établissements du domaine de la santé comme les hôpitaux, les services ambulanciers et les pharmacies. Les distilleries fournissent aussi les premiers répondants. 

Jean-Pierre Allard de Stadaconé explique que le processus est très artisanal, puisque l’embouteillage ne peut pas se faire de la même façon que pour le gin par exemple. «On rempli nous-mêmes les contenants qui servent aux produits nettoyants avec des entonnoirs parce que notre équipement qui sert à remplir nos bouteilles de verres n’est pas compatible.» 

Obtenir les autorisations

Les permis de production de spiritueux réguliers ne sont pas les mêmes que ceux émis pour fabriquer du gel antibactérien. Il faut des autorisations spécifiques de Revenu Canada et de Santé Canada, précise Annick Van Campenhout. Le rôle de l’AMDQ est donc de coordonner l’obtention des permis et des accises en plus de trouver des biochimistes pour aider les distillateurs à exécuter les bonnes recettes pour ce type de produit. 

Annick Van Campenhout ajoute que l'association travaille aussi à la recherche de contenants, de matériaux et d'étiquettes qui doivent être conformes. Les récipients doivent être composés de plastique résistant, puis l’étiquetage doit clairement faire état de tous les ingrédients. «Les réservoirs de plastiques que l’on doit utiliser sont rares, donc c’est un gros travail de gestion et de recherche pour trouver des fournisseurs de ces contenants», précise Simon Bélanger de la distillerie Vice & Vertu, basée à Québec. 

Vice & Vertu participe à un projet commun avec la Distillerie de Québec et le professeur titulaire en biochimie à l'Université Laval Grant Vandenberg pour développer le désinfectant.

La secrétaire générale de l’association note que les passionnés derrière ces microdistilleries n’ont pas d’intérêt personnels dans la production de désinfectants, «c’est pour participer à l’effort de guerre». Leur vraie vocation réside dans la confection de spiritueux, rappelle Annick Van Campenhout. 

Les microdistilleries québécoises qui offrent des produits désinfectants sont: 

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