Mathias Mark, le porteur - Caribou

Mathias Mark, le porteur

Présenté par

Publié le

11 juin 2024

Texte de

Martin-Pierre Tremblay, directeur général de la Table bioalimentaire Côte-Nord

Mathias Mark est le porteur de culture du Conseil des Innus de Pakuashipi, en Basse-Côte-Nord. Il a grandi à l’ombre des montagnes de la rivière Saint-Augustin, dans un territoire qui l’a nourri et a modelé son imaginaire. Rencontre avec un homme plus grand que nature.
Photo de Julie Chamberland
Mathias Mark est le porteur de culture du Conseil des Innus de Pakuashipi, en Basse-Côte-Nord. Il a grandi à l’ombre des montagnes de la rivière Saint-Augustin, dans un territoire qui l’a nourri et a modelé son imaginaire. Rencontre avec un homme plus grand que nature.
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Pour Mathias Mark, la chose est entendue: le gibier le plus goûteux est le porc-épic. «C’est corsé, assure-t-il, vraiment bon, comme si on avait mis du piment là-dedans… Du bon gras; la peau est bonne, la viande aussi. Elle a la texture du porc, presque.»

Ses chiens l’accompagnent partout. Ils sont formés pour débusquer le gibier. Il faut les voir se faufiler sous les aulnes et dans les coulées à la recherche de proies potentielles. «Pour qu’ils soient capables de les pister à l’odorat, on leur fait manger la peau sous les pieds des porcs-épics.»

Soucieux de transmettre aux plus jeunes les enseignements culturels reçus des aînés et de garder la langue innue vivante, le père de trois enfants n’est pas avare de récits. Il raconte les excursions en mer de son enfance; les oiseaux d’été au large, sur les îles et dans les rigolets; la chasse au canard en chaloupe de 14 pieds.

Mathias Mark, en compagnie de ses enfants et de sa prise: un porc-épic
«Je me souviens de la première fois où j’ai goûté le huard. Je ne savais pas que c’était aussi tendre. C’était au mois d’août, avec mon grand-père.»
Mathias Mark

Son père lui a plus tard fait découvrir le guillemot – ou pigeon, comme disent les Anglais –, un autre de ses canards préférés. «On l’appelle tshikauniss en innu-aimun», précise-t-il.

Mathias Mark évoque aussi la cueillette des petits fruits, qu’on trouve en abondance dans les tourbières et sur les collines environnantes. «On cuisait le pain twist [torsadé] et on le trempait dans le coulis de graines rouges, se souvient-il. Les anciens se servaient de la graisse de phoque pour cuire le pain. Il n’y avait pas d’huile végétale, pas de Tenderflake…»

Dans quelques jours, ils seront plusieurs de la communauté à partir chasser le caribou. Ils parcourront plusieurs centaines de kilomètres pour atteindre le lieu de chasse. Les préparatifs vont bon train. «Quand on trouve les pistes facilement, l’expédition peut prendre deux ou trois jours, sinon ça peut aller jusqu’à deux semaines.»

Une fois le caribou repéré et la chasse effectuée, il faudra ramener les bêtes dans la communauté et les dépecer. La viande sera distribuée dans les familles. Mathias ira ensuite suspendre les ossements sur les plateformes érigées en périphérie de la communauté, «en respect de l’animal qui a donné sa vie aux chasseurs et aux familles». Il ajoute: «C’est ce lien avec l’animal qu’on ne doit pas perdre, ce respect. On a encore besoin de lui pour continuer à vivre et survivre.»

En savoir plus

Pour planifier une visite sur la Basse-Côte-Nord ou sur la Côte-Nord et rencontrer d’autres porteurs de culture, rendez-vous au tourismecote-nord.com.

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