5 questions à Jonathan Roberge sur la nouvelle série Steak, blé d’Inde, patates
Publié le
12 septembre 2024
Texte de
Véronique Leduc
— Ce n’est peut-être pas un lien naturel pour les gens de te voir animer une série culinaire et historique. Quelle a été ta réaction lorsque tu as été approché pour le faire?
Ça fait quelques années que je dis que je souhaite faire du documentaire. J’ai toujours voulu être prof d’histoire et je rêvais d’être approché par Historia: je le disais souvent en entrevue. Aussi, j’ai toujours aimé manger et cuisiner. En plus, mon ex était critique de restaurants. Donc quand on a m’a approché, j’ai trouvé ça génial. Je connaissais un peu l’histoire, un peu le milieu de l’alimentation, mais il me restait beaucoup à apprendre alors c’était parfait!
— Les épisodes couvrent chacun un sujet différent. Lequel t’a le plus appris?
C’est celui sur l’Expo 67. Je comprenais ce que c’était, mais je ne réalisais pas toute l’importance que ça avait eu pour les Québécois et pour notre cuisine. Ça a été un point tournant pour le Québec: des gens de partout dans le monde s’en venaient manger chez nous et on ne savait pas qui on était! Il a fallu se trouver une identité et se revirer sur un 10 cennes. J’ai continué à lire sur le sujet ensuite parce que je trouve ça vraiment fascinant!
J’ai aussi beaucoup apprécié celui où on parle des vagues d’immigration. En voyageant, je constate qu’on mange plus souvent la même chose ailleurs alors qu’ici on est culinairement très riches! On peut manger du pizzaghetti le midi, des sushis le soir, un pâté chinois le lendemain midi et des kebabs pour souper et tout le monde trouve ça très normal! C’est extraordinaire cette variété!
— Un plat que tu ne connaissais pas et que la série t’a fait découvrir?
À chaque début d’épisode, il y avait une grande tablée avec différents plats. J’ai goûté à tous les plats et à tous les drinks. À tout… sauf à l’aspic que je regardais avec dégoût: je n’ai pas été capable. Mais j’ai goûté pour la première fois du cipâte: osti que c’était bon!
— La personne la plus surprenante, celle que tu as découverte pendant le tournage?
Sans aucune hésitation: le chef Daniel Vézina! Je savais qui il était, mais je ne l’ai jamais suivi comme chef et je ne savais pas à quel point il avait été important pour faire changer les choses. J’ai découvert quelqu’un avec un cœur de punk et qui présentait la cuisine en dehors des conventions: un homme chef à la télé qui mettait des chapeaux funky et qui ne prenait pas les gens pour des cons, ça a parlé à toute une génération!
— Que retiens-tu de l’expérience de Steak, blé d’Inde, patates?
J’ai surtout réalisé que la plupart des Québécois, moi inclus, snobaient la cuisine d’ici. «C’est juste de la tourtière. C’est juste du pâté chinois. La cabane à sucre, c’est quétaine!» On est porté à rabaisser ce que nos grands-mères cuisinaient et ce qu’on fait aujourd’hui. Mais pour moi, de savoir par exemple que notre cipâte est servi dans un grand resto new-yorkais et que les gens adorent, ça m’a fait réaliser des choses.
Je ne suis pas si bon en cuisine, mais j’ai toujours aimé ça. Ce show-là m’a fait redécouvrir cet intérêt et m’a redonné le goût d’inviter des gens chez nous. Depuis que ça a été tourné, j’ai lancé «les brunchs de vieux punks»: une fois par mois, je reçois 25 amis. Je me transforme en restaurateur, je consacre deux jours à la préparation et je m’organise pour que tout ce qui se trouve sur la table vienne du Québec. J’ai réalisé que plus personne ne fait ça des grosses tablées et j’ai eu envie de faire vivre ça à mes kids. Ce show-là a changé ma vision des choses et m’a inspiré et j’espère qu’il provoquera la même chose chez ceux qui le verront et qu’il donnera envie à plusieurs de créer à leur tour une tradition pour mettre de l’avant notre culture.
La série Steak, blé d’Inde, patates est diffusée les vendredis à 21h dès le 27 septembre à Historia.