Engouement pour les kiosques libre-service à la ferme - Caribou

Engouement pour le libre-service à la ferme

Publié le

06 juillet 2024

Texte de

Julie Francœur

Photo de

Johane Lamer

On les voit poindre depuis quelques années au Québec, au point qu’elles surpassent en nombre les étals traditionnels de fruits et de légumes au bord de la route: les kiosques libre-service à la ferme. Coup d’œil sur ces entreprises agricoles qui optent pour la confiance.
La boutique libre-service de La Récolte de la rouge à Brébeuf, dans les Laurentides.
La boutique libre-service de La Récolte de la rouge à Brébeuf, dans les Laurentides.
On les voit poindre depuis quelques années au Québec, au point qu’elles surpassent en nombre les étals traditionnels de fruits et de légumes au bord de la route: les kiosques libre-service à la ferme. Coup d’œil sur ces entreprises agricoles qui optent pour la confiance.
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Dans un rang des Laurentides, une pancarte écarlate annonce un bâtiment qui a tout l’air d’un comptoir normal. À l’intérieur, une calculatrice, un calepin et un coffre dans lequel laisser des billets.

La boutique libre-service de La Récolte de la Rouge a rouvert à la fin du printemps avec une offre élargie. «On a commencé à la mi-juin avec notre fraise d’été. Au fil des récoltes, on va avoir une grande variété de légumes et beaucoup de produits de la région», s’enthousiasme Mathieu Roy. Le maraîcher propriétaire de la ferme de proximité propose ses végétaux en libre-service depuis plusieurs années déjà.

Le concept, qui en surprend plus d’un, vient du Nord-Est américain, où la tradition existe depuis des décennies. Pendant longtemps, c’était même le seul moyen dont disposaient nos voisins du Sud pour s’approvisionner auprès de leurs agriculteurs locaux, si bien qu’on les considère aujourd’hui comme allant de soi.

Comme d’autres maraîchers, Mathieu Roy s’est inspiré de ce qui s’y fait pour développer sa propre mise en marché. «L’idée m’est venue lors d’un stage en Pennsylvanie dans une ferme qui faisait ses ventes en proposant ses légumes en libre-service au milieu de nulle part», dit-il.

Une popularité confirmée

La Récolte de la Rouge est loin d’être la seule ferme d’ici à avoir opté pour le libre-service. Geoffroy Ménard est chargé de projet au Centre d’expertise et de transfert en agriculture biologique et de proximité. Il estime qu’à l’échelle du Québec, il y aurait actuellement plus de points de vente de la sorte que de ceux qui emploient du personnel pour tenir la caisse.

«Il y a une dizaine d’années, personne n’osait donner accès à ses produits sans supervision. Aujourd’hui, je ne serais pas surpris que 10% des fermes maraîchères diversifiées le fassent.»
Geoffroy Ménard

Pour les petites entreprises agricoles de proximité, cela demeure la meilleure, sinon l’unique, façon de distribuer leurs produits à peu de frais. «C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour que mes voisins puissent profiter de mes légumes. Le coût de la main-d’œuvre est devenu tellement élevé que je ne pourrais pas me permettre d’avoir quelqu’un sur place», explique Mathieu Roy.

Si, pour plusieurs, les recettes fournissent à peine de quoi couvrir le salaire d’un employé, pour d’autres, elles peuvent frôler les 100 000 dollars par saison. «Ça peut être un important canal de vente pour les fermes bien situées», assure Geoffroy Ménard.

C’est le cas de la coopérative Pied de Céleri, qui a pignon sur rue à un kilomètre du cœur du village de Dunham sur la Route des vins de Brome-Missisquoi. Après quelques années de libre-service, l’entreprise a fini par faire des ventes suffisamment élevées pour payer un employé. «Avec les revenus que le kiosque engendrait, on s’est dit que c’était le moment d’engager quelqu’un pour créer un plus grand lien avec notre clientèle. Les gens nous connaissaient, ils aimaient la confiance qu’on leur accordait, mais, dans le fond, on ne les voyait presque jamais», se rappelle Camille Roy-Béliveau, membre travailleuse.

Une question de confiance

«En 2020, les fermes de proximité ont connu un boom. Et le libre-service est une formule tout indiquée pour ceux qui commencent et qui n’ont pas nécessairement la possibilité de salarier quelqu’un. Plusieurs personnes nous ont contactés pour nous poser des questions», raconte Camille Roy-Béliveau.

L’une des préoccupations fréquentes est de savoir s’il est prudent de laisser des légumes sans surveillance. «Ce n’est vraiment pas habituel comme façon de faire. Mais, règle générale, les clients sont tellement contents de pouvoir passer au kiosque quand bon leur semble qu’ils ne pensent même pas à voler», ajoute-t-elle.

«Il n’y a jamais eu de vol, confirme Mathieu Roy. C’est peut-être le fait d’être une petite ferme bio, mais les gens ne sont vraiment pas portés à voler. On leur fait confiance, et ils nous le rendent bien.»

Le maraîcher y trouve toujours beaucoup plus d’avantages que d’inconvénients. Il convient cependant que c’est une charge de travail assez importante. «Comme il n’y a pas d’employés, il faut le garnir, le ranger et le nettoyer nous-mêmes, ce kiosque», dit-il. Mais là où réside l’avantage, c’est dans la possibilité d’écouler les surplus à la ferme. «Quand on se retrouve avec des récoltes en trop, elles trouvent toujours preneurs au kiosque. Ça aide vraiment à réduire les pertes aux champs», dit-il. Une solution bienvenue pour s’attaquer au gaspillage alimentaire.

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