L’avènement des fermes brassicoles au Québec - Caribou

L’avènement des fermes brassicoles au Québec

Publié le

28 août 2023

Texte de

Martin Thibault

Contrairement à ce que bien des gens pensent, un brasseur de bière ne cultive pas nécessairement ses propres céréales et ses propres houblons. Les brasseries du Québec et du reste de la planète, grandes comme petites, ne travaillent donc pas comme des vignobles ou des cidriculteurs, eux qui misent tout sur la production de leurs champs.
Les champs de La Chouape à Saint-Félicien | Crédit photo: Maude Chauvin/archives Caribou
Contrairement à ce que bien des gens pensent, un brasseur de bière ne cultive pas nécessairement ses propres céréales et ses propres houblons. Les brasseries du Québec et du reste de la planète, grandes comme petites, ne travaillent donc pas comme des vignobles ou des cidriculteurs, eux qui misent tout sur la production de leurs champs.
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Nos microbrasseries travaillent plutôt, pour la très grande majorité, comme des boulangers ou des pâtissiers. Ils reçoivent donc les céréales et les aromates souhaités partiellement préparés par des spécialistes. Jusqu’à tout récemment donc, en Amérique du Nord comme dans presque toute l’Europe occidentale, le phénomène de la ferme brassicole faisait partie d’histoires centenaires, pré-Guerre mondiale.

Les pionniers du Lac-Saint-Jean

La famille Hébert, installée aux abords du village de Saint-Félicien depuis six générations, cultive l’orge brassicole, le blé et le sarrasin pour leur microbrasserie: La Chouape. Une véritable ferme brassicole, quoi. Rares sont les brasseries du genre en Amérique qui cultivent leur céréale pour la bière, et encore moins en régie biologique comme cette inspirante équipe dont on peut déguster les bières à leur salon de dégustation avec terrasse sur la rivière Ashuapmushuan.

De l’épandage de cendre de bois provenant de la cogénération de Saint-Félicien – un amendement naturel aidant à équilibrer le pH du sol – à la plantation de l’orge de brasserie, les cultivateurs de La Chouape doivent toujours se croiser les doigts pour profiter d’un bel été. Cinquante acres de terres en mode agriculture durable sont utilisées ici; c’est-à-dire qu’une parcelle de champ ne peut produire de l’orge qu’à tous les quatre ans. La famille doit donc cultiver annuellement quatre fois la surface de ce champ pour avoir une récolte d’orge satisfaisante. Le tout est fait sans produits chimiques, pesticides, fongicides et herbicides. Un travail colossal que seulement une poignée de brasseries artisanales au monde daignent entreprendre, et pour cause. Après tout, combien de boulangeries, de pâtisseries, de bistros de quartier oseraient devenir directement responsables de leurs ingrédients principaux?

Hebert_Maude Chauvin-1 Louis Hébert, fondateur de La Chouape | Crédit photo: Maude Chauvin/Archives Caribou
Crédit photo: Maude Chauvin/Archives Caribou

3 autres véritables fermes brassicoles québécoises où on peut déguster des bières avec vue sur leurs champs

microbrasserie la ferme

La Ferme – Brasserie Rurale, à Shefford (Estrie)

Assis bien au fond des chaises Adirondack faisant face aux céréales de la ferme brassicole, le plaisir à déguster leur Sure Camerise, leur Porter Mélilot ou leur Blonde Miel est décuplé. D’autant plus que La Ferme cultive aussi le seigle, possède ses propres ruches, fait pousser plusieurs rangs de ses propres houblons, tout ça à quelques mètres des tables de pique-nique de la terrasse. Que dire aussi de leur gamme Aléa, parmi les bières barriquées les plus raffinées produites en province. Un charme sur toute la ligne, cette brasserie artisanale!

Terre à Boire, à St-Blaise-sur-Richelieu (Montérégie)

Est-ce qu’une ferme brassicole peut être considérée plus ambitieuse qu’une autre? Qu’à cela ne tienne, non seulement Terre à Boire cultive l’orge pour leurs propres bières, le maïs pour leurs spiritueux, mais ils font aussi pousser plusieurs petits fruits comme l’aronia, la framboise et l’amélanche, en plus de quelques houblons et du seigle. Quand on déguste leur Saison de seigle à l’armoise mûrie en barriques de vin blanc, ou leur Kentucky Common douce de ses notes de maïs maison caramélisé, on tombe en amour avec tout ce qui nous entoure ici.

Jackalhop, à Plessisville (Centre-du-Québec)

Envoûtés par les champs d’orge et de framboises des terres attenant leur terrasse, on peut découvrir les nombreux nectars de cette jeune brasserie campagnarde à cheval entre les recettes populaires – IPA bien houblonnées et bières acidulées aux fruits de la région – et les créations gastronomiques, comme leurs Saisons sures aux aromates du Jardin. Une partie de volleyball plus tard, on franchit les quelques pas vers notre table afin de se commander un autre verre et apprécier les lieux bucoliques remplis de familles et d’amateurs de saveurs de chez nous. Décidément, il y a de belles choses qui se passent au Québec brassicole ces temps-ci!

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