Troquer le clavier pour le champ le temps d’un été - Caribou

Troquer le clavier pour le champ le temps d’un été

Publié le

19 septembre 2020

Yourianne Plante
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Yourianne Plante a travaillé sans relâche tout l’été. Pourtant, la Montréalaise est plus énergique que jamais. C’est que la directrice des communications d’Éco Entreprises Québec a pris un congé sans solde pour troquer, pendant deux mois, son bureau à la maison contre les champs de fruits et légumes de la ferme Cormier, à L’Assomption.

Texte de Roxane Léouzon
Photos de Fabrice Gaëtan

«J’étais la fille à tout faire! Ça pouvait être de récolter la rhubarbe, d’équeuter des fraises, de faire du ménage dans une grange...» raconte la femme de 34 ans. C’est en vidéoconférence sur son téléphone, en route pour un long week-end au Saguenay avec son jeune fils et son mari, que Yourianne raconte l’origine de cette aventure qui a pris fin la veille.

Diplômée en journalisme et en gestion de l’environnement, la mère de famille a toujours eu un intérêt pour l’agriculture, ayant notamment travaillé aux communications pour les fermes Lufa et comme directrice générale pour l’Association des producteurs de fraises et framboises du Québec. Au cœur de la pandémie de COVID-19, Yourianne a ressenti le besoin d’aider.

«J’entendais que les producteurs manquaient de main-d’œuvre. J’ai eu le flash d’appeler l’agricultrice Josiane Cormier, que je connaissais et qui avait vraiment besoin de bras. J’ai proposé les miens et elle a dit oui tout de suite», se souvient-elle.

Son employeur a alors accepté de lui octroyer un congé sans solde de deux mois. «Je ne savais pas dans quoi je m’embarquais. Je me disais que j’allais peut-être passer un été éreintant physiquement», souligne l’agricultrice temporaire.

À sa grande surprise, les tâches étaient tellement diversifiées, allant de la plantation à la cueillette en passant par le désherbage et l’accueil de visiteurs pour l’autocueillette, que l’ouvrière a plutôt eu l’impression de profiter de la belle saison au maximum. «Les récoltes se passaient bien. Et c’est agréable d’être dans le champ avec le petit vent et le son des oiseaux», dit-elle

Il faut dire qu’une grande variété de fruits et légumes sont cultivés à la Ferme Cormier, de taille moyenne, ce qui est moins propice au travail répétitif que dans les grandes entreprises en monoculture.

La face cachée des fruits et des légumes

Grâce à cet emploi d’été, Yourianne a réalisé l’ampleur du labeur derrière chaque aliment qui se retrouve sur les tablettes.

«Quand tu cueilles tes fraises une par une et que ça te pique les bras, tu apprécies encore plus ton casseau. De l’ail, c’est tellement long à cultiver! Comme ça pousse dans la terre, il faut couper les racines et brosser chaque gousse pour la nettoyer. On a eu une grange complète remplie d’ail à traiter comme ça.»

En août, la propriétaire des lieux a lancé un défi à Yourianne et à l’une de ses collègues: trouver une nouvelle activité pour attirer la clientèle.

Après une séance de remue-méninges, ces dernières ont créé les pique-niques découverte. «Les visiteurs s’inscrivent à l’avance pour une visite guidée d’une heure. Ensuite, comme il y a une cuisine à la ferme, on leur prépare un panier avec des produits 100% locaux. Les gens peuvent apporter leur bouteille de vin et pique-niquer sur le terrain», explique la conceptrice, soulignant que l’activité (qui était offerte jusqu’au 13 septembre) était très populaire.

Alors que la récolte des tomates, des concombres et des courgettes bat son plein, c’est maintenant l’heure pour Yourianne de retourner à son clavier d’ordinateur. Mais son esprit est rempli de souvenirs agricoles impérissables. Il y a la fois où des brebis ont fait une visite impromptue dans les rangs et ont égayé la journée des travailleurs; celle où son fils, Joé, a fait un tour de tracteur, son plus grand sourire aux lèvres; celle où elle a tenté de créer sa propre version de L’amour est dans le pré pour le bien d’une consœur...

«C’est dans le top cinq de mes plus beaux étés. C’était comme avoir le beau côté du travail d’agriculteur, sans le stress des responsabilités et de la gestion de la main-d’œuvre», explique Yourianne. Elle jure qu’elle aménagera un jardin l’été prochain, ou qu’elle empruntera une parcelle de terre à un producteur maraîcher.

La jeune professionnelle encourage sans hésiter ceux qui seraient tentés de suivre ses traces. «Les producteurs ont toujours besoin de personnel. C’est aussi un bel emploi estival pour des jeunes», dit-elle.

L’entrevue se termine d’ailleurs par un hommage à ces agriculteurs, qui, dit-elle, se sont relevé les manches et ont fait de cette saison un succès, malgré les épreuves et l’incertitude.


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