L’Arterre, pour un accès plus facile à la terre - Caribou

L’Arterre, pour un accès plus facile à la terre

Publié le

04 octobre 2021

Texte de

Nathalie Rivard

Photo de

Seif Eddine Hemissi

C’est bien connu, la relève agricole du Québec a difficilement accès aux terres en raison de leur coût exorbitant. Comment faire alors quand on a un projet, mais un budget limité pour le concrétiser? On fait appel à L’Arterre! Né de la Banque de terres agricoles de Brome-Missisquoi et de la Banque de fermes créée par le Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA), L’Arterre est un service de maillage qui accompagne des propriétaires terriens et des aspirants-agriculteurs.
partage terre agricoles
Les Siffleux ont joint les Jardins de Cocagne, un OBNL qui loue des terrains à des entrepreneurs agricoles. Crédit photo: Olivier Bourget
C’est bien connu, la relève agricole du Québec a difficilement accès aux terres en raison de leur coût exorbitant. Comment faire alors quand on a un projet, mais un budget limité pour le concrétiser? On fait appel à L’Arterre! Né de la Banque de terres agricoles de Brome-Missisquoi et de la Banque de fermes créée par le Centre d’innovation sociale en agriculture (CISA), L’Arterre est un service de maillage qui accompagne des propriétaires terriens et des aspirants-agriculteurs.
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La réalité est que dans plusieurs régions, les terres agricoles et leurs bâtiments sont souvent vendus à des personnes qui achètent en mode retraite-villégiature. Ils viennent pour la vue, la tranquillité et la vie à la campagne, mais la plupart du temps sans le désir de faire quoique ce soit avec leur terre. Il y a donc un immense potentiel agricole à exploiter. C’est là que L’Arterre entre en jeu, soit en mettant en contact des propriétaires terriens qui veulent louer ou vendre une partie de leurs terres ou en accompagnant ceux qui veulent louer des terres agricoles. Comme le prix des terres est très élevé pour la relève, pouvoir louer quelques acres pendant au moins cinq ans peut donner un très bon coup de main.

Dernièrement, les projecteurs ont été braqués sur l’organisme quand Jacques-André Dupont, un résident de la MRC, a lancé un appel aux projets pour la terre entourant sa propriété de Bolton-Ouest. En 48 heures, il avait reçu une centaine de propositions. Élyse Cardinal, agente de maillage local pour la MRC de Brome-Missisquoi, est donc venue à sa rescousse pour l’aider à faire un choix parmi tous les projets. Bolton-Ouest étant plus propice à l’élevage qu’au maraîchage, le projet retenu a été celui d’Émilie Tremblay des Pâturages du Lac-Brome qui fait de la production animale régénératrice, un concept parfaitement adapté au territoire. «Pour moi, L’Arterre est bien plus qu’un service de maillage agricole, témoigne Émilie. L’accompagnement que j’ai reçu a été une aide inestimable afin de bien définir mon projet et de le concrétiser, mais aussi à démêler des questions délicates et arriver à un maillage harmonieux.»

Parmi d’autres jumelages de L’Arterre dans la région il y a David Whiteside des Jardins de la Marmotte qui avait établi au départ son entreprise à Mansonville. Il cherchait à se rapprocher de Montréal, car il devait s’y déplacer toutes les semaines pour y vendre ses légumes et ses paniers bios. L’Arterre l’a donc aidé à se relocaliser et il a maintenant une entente de 10 ans à Bromont où il cultive trois acres avec un potentiel de cinq. «L’Arterre m’a permis de trouver rapidement une terre très convenable à mes besoins, en location à long terme.

En plus, Élyse nous a accompagnés, moi et le propriétaire, tout le long du processus d’élaboration d’une entente de location qui respecte les besoins des deux parties, ce qui nous a permis de partir la relation locataire-locateur sur le bon pied. Sans le travail en amont de L’Arterre, je crois que la recherche d’une terre en location aurait été beaucoup plus longue et ardue», relate David, satisfait de son expérience.

À Frelighsburg, Les Siffleux ont pour leur part joint les Jardins de Cocagne, un OBNL qui loue des terrains à des entrepreneurs agricoles. Ils ont pu ainsi louer quelques acres pour y établir leur entreprise maraîchère située presque au cœur du village. Grâce à ces jumelages et une centaine d’autres, L’Arterre contribue à sa façon partout au Québec à la pérennité et la richesse des sols et du patrimoine agricole. Un bon pas vers une meilleure utilisation de nos terres agricoles.

Sérieux et chimie pour un maillage réussi

Depuis sa fondation en mars 2018, L’Arterre a conclu 106 jumelages. L’organisme est présent dans 85 MRC et 15 régions du Québec. Chaque MRC participante a son agent de maillage pour faire le pont entre les propriétaires terriens et les aspirants-agriculteurs. Élyse Cardinal, l’agente de maillage local pour la MRC de Brome-Missisquoi, explique que plusieurs facteurs sont essentiels au succès des maillages.

«Tout d’abord, ce n’est pas tout d’avoir une terre, il faut au minimum que celle-ci soit accessible par une route, qu’il y ait de l’eau potable et possiblement un étang, ainsi qu’un accès à l’électricité. Ça doit être facilitant pour l’aspirant-agriculteur qui a déjà la vie difficile, car il n’est pas chez lui. Il faut que ça vaille la peine de s’y installer.» 
Élyse Cardinal

Du côté des aspirants-agriculteurs, ne s’improvise pas agriculteur qui veut. «Les démarches doivent être sérieuses et on demande aux agriculteurs d’avoir une formation concrète dans le domaine et l’expérience nécessaire avant de partir à l’aventure. Ce n’est pas tout d’avoir lu le livre du Jardinier maraîcher de Jean-Martin Fortier, il faut aussi avoir acquis de l’expérience terrain pendant au moins un été ou plus sur une ferme établie. «Avoir une ferme, ce n’est pas juste de faire pousser des carottes ou y installer ses animaux, précise Élyse. Il faut avoir de bons réflexes et être prêt à réagir vite aux urgences, aux surprises, aux sécheresses et aux invasions d’insectes.»

Les aspirants-agriculteurs doivent aussi avoir un plan d’affaires bien étoffé . «Le but de L’Arterre n’est pas d’accompagner les gens dans leur désir de vivre d’autosuffisance alimentaire, mais bien d’aider de futures entreprises agricoles à se développer et d’avoir un projet viable économiquement. Quand on rencontre des candidats qui ont suivi une formation en agriculture, qui ont passé quelques saisons à travailler sur une ferme et qui ont un bon plan d’affaires, dit l’agente de maillage, ça nous montre le sérieux de leur démarche et ça nous permet de faire un tri pour choisir les meilleurs candidats.»

Par contre, une fois toutes les conditions réunies, il faut aussi que la chimie soit au rendez-vous entre le propriétaire et l’aspirant-agriculteur, qui entretiendront une relation à long terme pour la location des terres. En effet, les ententes sont d’une durée d’au moins cinq ans. Pourquoi? Parce que pour avoir accès à du financement de la Financière agricole, un des critères pour le financement à l’établissement est d’avoir un bail d’au moins cinq ans publié au registre foncier. D’où l’intérêt de bien s’entendre!

Si vous avez un projet pour lequel vous auriez besoin d’accès à une terre agricole et que vous avec l’expérience et la formation nécessaire, L’Arterre pourrait bien vous aider à concrétiser ce rêve.

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