Avant ce mouvement, l’identité du Québec à l’international était étroitement liée aux bières belges, entre autres grâce à l’excellent travail d’Unibroue en ce sens, puis aussi aux bières industrielles canadiennes, peu distinctes si on les compare aux bières du même acabit produites de l’Occident à l’Afrique.
Comme le notait Lars Marius Garshol, chercheur et auteur brassicole norvégien, lors de sa visite au congrès de l’Association des microbrasseries du Québec en novembre, «quelque chose de spécial semble se passer ici; quelque chose d’envergure que je ne vois pas ailleurs en Amérique ou en Europe».
Notre nouvelle identité ne proviendrait pas de styles de bières précis que l’on pourrait inventer. Elle vient plutôt d’une façon de juxtaposer nos connaissances internationales à notre observation du territoire dans lequel on vit.
Deux sources
Cette identité puise sa nature de deux sources: 1) les aromates nordiques et 2) la créativité des brasseurs férus en plusieurs styles de bières d’inspiration diverses et l’hybridation de procédés qui s’ensuit.
Dans les aromates nordiques, on retrouve autant le sirop d’érable que certains fruits comme la camerise, autant des pousses d’épinette que d’autres verdures typiques aux forêts et aux jardins de chez nous. Les passionnés de houblons dévergondés ne sont pas laissés pour compte, car il y a aussi des houblons québécois qui commencent à se démarquer. On peut en témoigner par exemple dans la Coös, de la brasserie 11 Comtés, en Estrie. L’alliage des cultivars Sorachi Ace, cultivé chez Les Jarrets Noirs et des Nugget et Chinook de chez Houblons Bastien, crée des accents de noix de coco et d’ananas, des saveurs tout indiquées pour s’installer sur la douceur de l’épeautre crue bio de Compton. Même si ces houblons possèdent des noms provenant d’ailleurs, il est clair que ces versions des terres québécoises développent un profil bien distinct des cultivars originaires du nord-ouest américain.
3 bières brassées au Québec où cette identité naissante est palpable