Nos potagers sont plus locaux que jamais. Non seulement a-t-on recommencé à cultiver des variétés patrimoniales, ces légumes d’antan qui étaient peu à peu tombés dans l’oubli, mais la demande en semences biologiques produites ici continue de croître. Bref, l’engouement pour un panier d’épicerie qui fait la part belle au local se transpose maintenant au jardin. Envie de vous inspirer? Cinq experts en la matière – Véronique Lajoie de Ferme horticole Lajoie, Camille Bélanger de Bélanger centre jardin, Martin Girouard de Serres et Jardins Girouard, Marie-Michèle Fortier de Jardinerie Fortier et Émilie Gabias de Gauthier fleurs et jardins – proposent quelques suggestions aussi savoureuses qu’originales. Voilà qui ne manquera pas de pimenter vos récoltes cet été.
Article présenté par Passion Jardins
La découverte de Véronique: l’échalote de Sainte-Anne, un petit oignon de chez nous
Véronique Lajoie s’en donne à cœur joie dans son propre potager. Son dada? Les vivaces! «J’aime les légumes qui sont vivaces et qui reviennent année après année sans qu’on ait besoin de s’en occuper. » Outre les asperges – «après la récolte, en mai ou juin, la plante reste belle toute la saison» –, la directrice de la Ferme horticole Lajoie, fondée par ses grands-parents à Saint-Vallier, près de Québec, cite l’échalote de Sainte-Anne parmi ses plus belles découvertes. «On plante le caïeu en juillet et, dès le printemps suivant, on récolte des échalotes à profusion.» Extrêmement facile à cultiver – on n’a à peu près rien à faire, si ce n’est de s’assurer que le sol est bien drainé –, cette variété tendre et sucrée est aussi résistante aux insectes. Et avec un nom pareil, on devine que cette échalote nommée en l’honneur de la sainte patronne de la Belle Province fait partie de notre patrimoine potager. C’est bel et bien le cas: nos aïeux l’auraient d’ailleurs baptisée ainsi parce qu’ils mettaient le bulbe en terre vers le 26 juillet, juste à temps pour la fête de Sainte-Anne.
La suggestion de Camille: le concombre mexicain, nouvelle coqueluche des semenciers d’ici
Le petit concombre mexicain (alias cucamelon, concombre à confire, melon de la souris ou zehneria) fait fureur depuis quelques saisons, si bien que la majorité des semenciers québécois voient rapidement leurs stocks s’envoler tôt au printemps. Et pour cause: on aime autant son allure de pastèque miniature que sa saveur, qui rappelle celle de son grand frère cucurbitacée, mais avec une pointe d’amertume en plus. À déguster nature, fraîchement cueilli, ou en marinades. «Ils sont encore plus croquants que les concombres», indique Camille Bélanger, de Bélanger centre jardin, à Amqui, en Gaspésie. Exotique, certes, cette variété n’est toutefois pas plus complexe à cultiver que les autres concombres. À l’intérieur, on peut lancer nos semis en mai, puis on les transplante au potager dès que les risques de gel sont écartés. Pour profiter de son feuillage luxuriant tout l’été, on gagne à le faire grimper sur un treillis, voire une arche.
Les expériences de Martin: les tomates Roi de Sibérie et Fantastico, pour apporter de la diversité
Martin Girouard, propriétaire de Serres et Jardins Girouard, essaie chaque année au moins une nouvelle variété de tomate dans ses champs de Sainte-Madeleine, en Montérégie. Sa découverte de 2021? La tomate Roi de Sibérie. «Ce n’est pas une belle tomate, mais c’est une bonne tomate, décrit le producteur maraîcher. Elle n’est pas tout à fait ronde, ni bien rouge, ni tout à fait lisse, mais au goût, c’est du bonbon!» Pour une performance à toute épreuve, l’expert recommande par ailleurs la tomate cerise Fantastico. «Avec celle-ci, on n’a pas de surprise, dit-il. Elle n’a rien d’extraordinaire, elle n’est pas bleue ni en forme de cœur, mais elle produit de 300 à 400 tomates par plant.»
La surprise de Marie-Michèle: le concombre blanc de Hollande, pour changer du concombre de jardin
À la recherche d’un concombre qui sort de l’ordinaire? Optez pour le concombre blanc de Hollande, une variété ancienne qui a tout pour plaire, recommande la copropriétaire de la Jardinerie Fortier de Princeville, Marie-Michèle Fortier, qui se fait un devoir d’essayer quelques variétés nouvelles chaque année. «Je l’adore!» Il lui a tellement plu, en fait, qu’elle le recommande régulièrement à sa clientèle été après été. Ne vous laissez pas berner pas son apparence quelconque: sous sa peau d’un blanc légèrement teinté de vert se cache une chair ferme et goûteuse ayant les mêmes qualités gustatives que le bon vieux concombre de jardin. D’ailleurs, comme pour les concombres, on démarre nos semis dans la maison au mois de mai, puis on patiente jusqu’à ce que les risques de gel au sol ne soient plus d’actualité, généralement en juin, pour les repiquer à l’extérieur.
La proposition d’Émilie: le haricot Royal Burgundy, une variété spectaculaire bien adaptée à notre climat
Émilie Gabias a un faible pour les légumes qui ajoutent de la couleur au potager et à l’assiette. «Je pense entre autres à la bette à carde Bright Lights et ses tiges multicolores, mais aussi aux haricots Royal Burgundy, d’un beau violet foncé», dit la technicienne en horticulture, aussi gérante de la section jardinerie chez Gauthier fleurs et jardins, à Trois-Rivières. «En plus d’être faciles à cultiver et de bien résister au froid – plantez la semence directement au jardin entre la fin mai et le début du mois de juin, selon votre région –, ils sont faciles à ramasser parce qu’on les voit bien au milieu du feuillage vert.» On peut même les consommer crus, en salade. Autre particularité qui ne manquera pas d’intriguer les enfants (et les plus grands!): la cosse devient verte à la cuisson. Un véritable haricot magique!