À la découverte des noix d’ici
Publié le
28 septembre 2024
Texte de
Jessica Dostie
Photo gracieuseté d'Au jardin des noix.
Les noix qui nous arrivent de l’étranger après avoir parcouru des milliers de kilomètres ne sont pas toujours de première fraîcheur. «Souvent, elles sont déjà rances», constate Maryse Bédard-Allaire, des Vergers Le Clan, établi depuis un peu moins de 10 ans en Montérégie et qui compte parmi la poignée de producteurs à faire la culture des noix au Québec. «Il fallait être ambitieux, acquiesce-t-elle. À l’époque [en 2016], c’était très émergent au Québec, même s’il y avait déjà quelques producteurs en affaires. Encore aujourd’hui, le marché des noix locales reste très peu exploité.»
Ce n’est pas pour rien: la culture des noix demande de la patience. Beaucoup de patience. «Avant d’avoir une première récolte de noix de noyer noir, il faut attendre une dizaine d’années, calcule Marc-Olivier Harvey, de la pépinière Casse-Noisette, spécialisée dans la production de plants d’arbres rares et d’arbres à noix. Même chose pour le noyer du Japon, qui donne les noix de cœur, et même jusqu’à 15 ans pour les noix de caryer ovale et les noix de pin.» Le plus rapide? Le noisetier hybride, répond-il, une sorte de gros arbuste obtenu grâce au croisement de noisetiers américains et de cultivars européens ou asiatiques.
Tous les arbres à noix énumérés ci-dessus, de même que les châtaigniers, poussent sans problème dans les régions du sud de la province, tandis que les noisetiers à long bec, alias coudriers, seraient rustiques jusqu’en zone 2, de l’Abitibi à la Côte-Nord, en passant par le Lac-Saint-Jean.
De l’arbre à l’assiette
Récoltées dès la mi-août (certaines espèces de noisetiers) jusqu’à la mi-octobre (noyer noir), les noix québécoises gagnent à être découvertes et peuvent être apprêtées à plusieurs sauces.
Pour jazzer une salade toute simple, par exemple, il suffit d’ajouter des cerneaux de noix de noyer noir concassés, une noix très aromatique qui surprend les papilles avec son petit goût de fromage bleu. Marc-Olivier Harvey avoue pour sa part son faible pour la noix de caryer ovale, aux arômes de caramel, qui offre une solution de rechange locale à la traditionnelle tarte aux pacanes (qui, elles, ne poussent pas sous nos latitudes).
Plus accessibles et passe-partout, les noisettes nordiques, qu’elles soient nature ou rôties, se prêtent à de multiples préparations salées comme sucrées. Elles peuvent entre autres être ajoutées à un granola ou bien être transformées en beurre de noix maison des plus décadents pour le petit-déjeuner. Les noisettes servent aussi à fabriquer une huile délicieusement parfumée. Le restaurant Cargo, à Matane, ajoute d’ailleurs un filet d’huile de noisette du Québec pour relever son plat de pâtes au pesto d’algues. Une autre preuve s’il en faut de l’intérêt grandissant pour les noix d’ici!
Produits dérivés prêts à manger
Une fois cueillies, les noix d’ici se dégustent nature ou grillées, assaisonnées ou caramélisées. Cinq suggestions pour goûter à leurs flaveurs distinctives en cette saison des récoltes.
L’accent
Cet assaisonnement aux noix de noyer noir fabriqué à la noiseraie Au jardin des noix, dans Lanaudière, remplace avantageusement le sel pour relever un plat de pâtes ou des légumes grillés, par exemple.
– 12$, en vente en ligne et dans certaines épiceries fines.
Noisettes grillées du Québec
La torréfaction fait ressortir tous les arômes de ces noisettes cultivées à Saint-Basile-le-Grand, tout près de Montréal.
– En vente aux Vergers Le Clan (19, rang des Vingt, Saint-Basile-le-Grand), en ligne et dans certains kiosques locaux.
Confinoix
La tartinade aux noix de noyer noir de Jolies Mi-Noix, entreprise établie dans les Hautes-Laurentides depuis plus de 40 ans, accompagne tantôt un plateau de fromages, tantôt un croissant.
– 11,73$, en vente en ligne et dans certaines épiceries fines.
Noix de noyer noir décortiquées
Il vaut mieux acheter les noix de noyer noir déjà prêtes à manger, puisque leur coque, extrêmement dure, doit être cassée dans un étau.
– En vente au verger Au nom de la noix (1650, chemin des Patriotes, Mont-Saint-Hilaire).
Noix de caryer ovale en écale
La noix de caryer ovale, qu’on compare souvent à la pacane, se prête bien à la confection d’une multitude de desserts. Pour casser sa coque, un casse-noix ordinaire suffit.
– 47,38$ les 500 g, en vente en ligne.
Où cueillir des noix?
Encore peu répandue au Québec, l’autocueillette de noisettes est néanmoins possible dans quelques rares plantations à la fin du mois d’août et au début de septembre. Outre les Vergers Le Clan, qui ont ouvert leurs portes aux cueilleurs pour une seule fin de semaine au début du mois, Au jardin des noix, à Saint-Ambroise-de-Kildare, dans Lanaudière, propose aussi l’autocueillette de noisettes. Il sera par ailleurs possible d’y faire une visite guidée incluant une initiation à la cueillette des noix de noyer plus tard en saison (horaire à venir).
511, rang Kildare, Saint-Ambroise-de-Kildare.