Aller aux pommes… bios - Caribou

Aller aux pommes… bios

Publié le

02 septembre 2023

Texte de

Jessica Dostie

Les pommes biologiques sont-elles plus goûteuses? Si d’aucuns l’affirment avec conviction, le pomiculteur Dragos Iuroaia des Domaines Roka, à Mont-Saint-Grégoire, préfère ne pas se prononcer sur ce point en particulier, bien qu’il soit convaincu des avantages — nombreux — de l’agriculture biologique. Les paris sont en tous les cas ouverts! On fait le tour de la question, alors que la saison des pommes débute (déjà !).
Crédit photo: Anick Joanisse
Les pommes biologiques sont-elles plus goûteuses? Si d’aucuns l’affirment avec conviction, le pomiculteur Dragos Iuroaia des Domaines Roka, à Mont-Saint-Grégoire, préfère ne pas se prononcer sur ce point en particulier, bien qu’il soit convaincu des avantages — nombreux — de l’agriculture biologique. Les paris sont en tous les cas ouverts! On fait le tour de la question, alors que la saison des pommes débute (déjà !).
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Agronome de formation, Dragos Iuroaia a longtemps travaillé en culture conventionnelle depuis les vignobles de sa Roumanie natale jusqu’au Québec, où il a immigré en 2005. «Bien sûr, j’ai d’abord appris à travailler avec des pesticides, concède-t-il au bout du fil, mais je me suis dit que quand j’aurais mon entreprise où je pourrais prendre mes propres décisions, je n’en utiliserais pas.» 

Les Domaines Roka, son verger situé en Montérégie, proposent ainsi uniquement des produits biologiques certifiés Ecocert. Les fruits, cela va de soi, mais aussi les cidres, les jus et les autres produits dérivés qu’il fabrique. «Le principal avantage de la culture bio, c’est la santé, explique-t-il sans aucune hésitation. J’ai choisi d’utiliser des techniques biologiques d’abord et avant tout pour travailler dans un lieu sain.» 

Éric Léger, copropriétaire du Verger de Hudson Bio, à l’ouest de Montréal, a fait le même calcul quand il a planté ses premiers pommiers, il y a exactement 20 ans. «Je ne voulais pas m’exposer aux pesticides ni aux insecticides, témoigne celui qui a pour sa part étudié en biologie puis travaillé en ébénisterie avant de se lancer en pomiculture. Je ne voulais pas non plus que mes enfants grandissent dans un environnement contaminé.» 

Verger bio Éric Léger et Anick Joanisse du Verger de Hudson. | Crédit photo: Ariel Tarr
Dragos Iuroaia, des Domaines Roka.

Cultiver les défis

Parti de zéro en 2003, le verger hudsonois de plus de 4000 arbres fruitiers possède aujourd’hui la certification Ecocert, qui assure le respect de certaines normes strictes assurant autant la protection de l’environnement que le maintien de la biodiversité. Un exemple parmi d’autres: la pulvérisation de solutions de soufre ou encore de bicarbonate de potassium, plutôt que l’utilisation de puissants fongicides traditionnels, afin de protéger les pommiers des maladies causées par des champignons. Le défi s’avère toutefois de taille, parce qu’il suffit d’une averse impromptue pour saboter une bonne partie de la récolte d’une saison. «Il faut appliquer le produit juste avant chaque pluie, et ce, durant tout le printemps jusqu’au début de juillet. Disons qu’on est abonnés aux prévisions de MétéoMédia», dit à demi en blague le pomiculteur, qui a dû couper un grand nombre d’arbres en raison d’une épidémie justement causée par l’humidité il y a quatre ans.

Qui plus est, beaucoup de manipulations très chronophages sont requises en pomiculture biologique. Éric Léger évoque notamment l’installation de papiers stratifiés pour protéger les troncs des insectes ou encore l’éclaircissage à la main, qui consiste à ne laisser qu’un certain nombre de fruits sur chaque branche pour favoriser leur croissance et maximiser la récolte. «Dans la culture conventionnelle, explique-t-il, ils peuvent utiliser une hormone de croissance qui fait tomber une partie des fleurs pour une production plus stable. C’est une preuve parmi d’autres qui montre que travailler en production bio, ce n’est pas choisir la facilité!»

Pour venir à bout des insectes ravageurs et en contrôler les populations, Dragos Iuroaia et Éric Léger utilisent tous deux nombre d’autres techniques classiques éprouvées en agriculture biologique, telles que la confusion sexuelle, qui empêche les insectes de se reproduire, et le recours aux prédateurs naturels comme les perce-oreilles.

Y a-t-il néanmoins des variétés de pommiers qui sont plus faciles à faire fructifier en utilisant les méthodes approuvées pour la culture biologique? «Il n’y a pas beaucoup d’études scientifiques sur le sujet», répond Dragos Iuroaia, qui compose avec une dizaine de cultivars, dont les populaires McIntosh, Cortland et Empire, mais aussi la Liberté et la Golden Delicious, dont ses clients ne se lassent pas. «Ils me disent souvent que mes pommes sont les meilleures, mais je ne peux pas comparer puisque je ne mange que les miennes», dit-il en rigolant.

«C’est très subjectif et difficile à prouver, mais je pense vraiment que mes pommes bios goûtent meilleur», renchérit Éric Léger. Sans compter les avantages au point de vue environnemental. «Ici, on a même des hirondelles, qui se nourrissent d’insectes, alors qu’on n’en voit presque plus dans les zones agricoles, fait-il valoir. Je suis persuadé qu’il y a un lien!»

De beaux fruits

Il fut un temps où il fallait accepter que les pommes bios soient moins esthétiques, mais cette époque est révolue. «Les nouveaux produits bios fonctionnent de mieux en mieux, assure Éric Léger, du Verger de Hudson Bio. Aujourd’hui, on arrive à faire de belles pommes bios qui n’ont pas de taches noires ni de piqûres.»
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