Autrefois, à l’heure du lunch… - Caribou

Autrefois, à l’heure du lunch…

Publié le

07 octobre 2023

Texte de

Amélie Masson-Labonté

Ils font grincer des dents plusieurs parents et alimentent de nombreuses conversations de bureau. Qu’ils nous rappellent de bons ou de moins bons souvenirs, les lunchs et leur préparation font partie du quotidien de plusieurs une bonne partie de l’année. Petit retour en arrière pour comprendre (et peut-être apprécier un peu plus) leur évolution jusqu’à aujourd’hui.
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Ils font grincer des dents plusieurs parents et alimentent de nombreuses conversations de bureau. Qu’ils nous rappellent de bons ou de moins bons souvenirs, les lunchs et leur préparation font partie du quotidien de plusieurs une bonne partie de l’année. Petit retour en arrière pour comprendre (et peut-être apprécier un peu plus) leur évolution jusqu’à aujourd’hui.
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Popularisé au XIXe siècle sous l’impulsion de la révolution industrielle, le lunch de l’ouvrier, d’abord trimballé dans un sceau, puis dans des boîtes en fer-blanc, se répand rapidement en Amérique du Nord. En 1935, la boîte à lunch Mickey Mouse fait un tabac, mais c’est surtout dans l’après-guerre que le marché explose. Aux États-Unis seulement, ce sont 120 millions de boîtes-repas en métal, puis en plastique, qui sont vendues entre les années 1950 et 1970, coïncidant justement avec l’entrée progressive des femmes sur le marché du travail et la nécessité nouvelle, pour plusieurs enfants, de dîner à l’école.

Deux inventions du XXe siècle viennent aussi faciliter la prise de repas chauds à l’école: le thermos, breveté en 1904, qui inonde le marché des années 1950, et le four à micro-ondes, une invention militaire de l’entre-deux-guerres qui fait son entrée dans les foyers et les cafétérias au tournant des années 1960-1970.

Autres temps, autres mœurs

Avant que l’habitude d’emporter le repas du midi à l’école ne devienne une pratique courante, les enfants avaient l’option de manger au réfectoire ou à la cafétéria de l’école, ou encore de retourner manger à la maison, par leurs propres moyens bien souvent. Sur l’heure du lunch, dans le Coaticook des années 1950, Claudette se souvient qu’elle prenait chaque midi le chemin de la maison, où elle s’attablait en compagnie de ses frères et sœurs autour du repas chaud préparé par leur mère, pour plus de dix personnes.

«On en a mangé, de la viande hachée! s’exclame-t-elle. Des boulettes, du pâté chinois, du macaroni et du spaghetti avec de la sauce en canne aussi. Puis le vendredi, on mangeait du poisson. Mais j’aimais surtout les bonnes pommes McIntosh. Ça, pis des tranches de banane dans la crème 35% avec du sucre dessus!»
Claudette

À la même époque, à Longueuil, Daniel et ses frères devaient se farcir une trotte de 5 kilomètres aller-retour pour rentrer dîner à la maison. Mais en 9e année (2e secondaire), la route vers la nouvelle école tenue par les Frères de l’instruction chrétienne était devenue trop longue. Les adolescents partaient alors le matin avec des sandwichs de jambon à l’os passé au hachoir à viande. «À l’école Saint-Jude, il y avait une cafétéria énorme où on pouvait manger notre lunch, et on profitait ensuite du gymnase rempli de jeux de Mississippi, alors on aimait ça», se souvient Daniel.

À Outremont, Madeleine aussi usait ses bottines. Quarante minutes de marche chaque midi pour rentrer manger les restes du souper de la veille, exception faite de l’année de ses huit ans, où sa mère l’inscrivit aux repas du réfectoire scolaire. «Il fallait descendre les escaliers en rang, classe par classe, et on attendait en ligne que la religieuse prenne son petit claquoir. Clac! Et là on pouvait tirer nos chaises — sans faire traîner les pattes sur le plancher. Une fois assises, on attendait d’aller à tour de rôle remplir nos assiettes, puis il fallait manger en silence et écouter la lecture de textes religieux. On n’écoutait pas vraiment, mais il fallait se taire, et si on riait, on se faisait réprimander. On mangeait souvent du maïs en crème avec des patates, et, horreur, du poisson le vendredi.»

Madeleine se souvient encore du pire repas servi là-bas: «des œufs au plat pour la fête du pape, jaune et blanc comme les couleurs du Vatican, mais avec le blanc gluant. Il devait y avoir du pain grillé et des haricots en boîte avec ça. On ne pouvait rien dire, mais on se regardait toutes, les yeux écarquillés.»

Comme quoi on peut relativiser: de nos jours, entre les allergènes, les intolérances, les préoccupations nutritionnelles, environnementales et les préférences des enfants, la préparation des lunchs peut parfois sembler un tantinet… compliquée! Mais qu’on se le dise, au moins on peut manger chaud, on a le droit de rire et, si on n’en a pas envie, on n’est pas obligés de manger du poisson le vendredi!

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