Publié le
26 septembre 2022
Même s’il pousse très facilement sous nos latitudes, l’ail est encore peu présent dans les potagers québécois. Vous avez le goût de varier vos récoltes et de ne plus dépendre de l’ail de provenance inconnue qu’on trouve parfois à l’épicerie? Le producteur d’ail Martin Girouard, des Serres et Jardins Girouard, à Sainte-Madeleine, explique la marche à suivre pour cultiver vos bulbes dans votre cour arrière.
Article présenté par Passion Jardins
Quel cultivar choisir?
Au Québec, on cultive presque exclusivement l’ail Music, un cultivar du groupe Porcelaine, très productif et connu pour sa longue durée de conservation — jusqu’à un an dans des conditions optimales. «C’est la variété la plus populaire, dit Martin Girouard. Elle a une bonne rusticité et peut être cultivée sans problème dans des régions plus froides, comme l’Abitibi. » L’expert conseille toutefois de résister à l’envie de planter de l’ail que vous auriez acheté à l’épicerie. En plus de ne pas connaître sa provenance avec certitude, vous n’avez aucune garantie qu’il germera au retour du printemps. « Dans les jardineries, c’est notre métier de nous assurer que notre ail est exempt de virus, de vers microscopiques ou d’autres problèmes phytosanitaires. Et vous êtes certain d’avoir de l’ail de bonne qualité, produit pour être planté!»
Quand planter?
Même s’il est possible de faire des plantations hâtives au printemps, le plus simple consiste à mettre les gousses d’ail en terre à l’automne et à les récolter l’été suivant. Le moment exact varie en fonction de votre région: dans le sud, par exemple dans les environs de Montréal, vous pouvez habituellement planter votre ail autour de la mi-octobre. Plus au nord et à l’est, ce sera vers la mi-septembre. «Idéalement, on le plante trois semaines avant les premiers gels, explique Martin Girouard. Si l’automne s’annonce chaud et long, on peut retarder un peu. Il faut que l’ail ait le temps de s’enraciner, mais pas de sortir de terre»
Où établir la plantation?
L’ail n’est pas très capricieux: cette plante pousse dans n’importe quel type de sol, à condition qu’il soit bien drainé. Explication? Un sol gorgé d’eau gèle plus rapidement en hiver, ce qui risque de provoquer la mort du bulbe. «Si votre jardin est en pente, vous n’aurez aucun problème si vous le plantez en haut de la pente», dit le producteur d’ail. Dans le cas contraire, vous pouvez aussi préparer une plate-bande surélevée d’environ 12 à 15 cm et y planter votre ail. Dans un monde idéal, une bonne couche de neige recouvrira le tout assez tôt en novembre ou décembre afin de protéger l’ail du froid. À défaut de neige, recouvrez vos bulbes d’une couche de paille ou d’un géotextile assez épais. Vous n’avez pas beaucoup d’espace? Sachez aussi que vous pouvez cultiver l’ail en pot, pourvu que le contenant soit bien isolé et que vous le placiez dans une zone où il ne risque pas de geler complètement, près des fondations de la maison par exemple. Et comme n’importe quel autre légume, l’ail a besoin d’un maximum d’ensoleillement. Installez donc votre potager en plein soleil ou encore dans une zone de votre terrain inondée de soleil l’après-midi.
Comment planter l’ail ?
Un bulbe d’ail compte en général quatre ou cinq caïeux (ou gousses). Divisez-les juste avant de les mettre en terre — et jamais plus de deux ou trois jours à l’avance afin d’éviter qu’ils se dessèchent. Ensuite, il vous suffit de les planter la pointe vers le haut à environ 5 cm de profondeur. Espacez les plants d’une quinzaine de centimètres pour obtenir une bonne densité au jardin. Martin Girouard conseille, en outre, de bien choisir vos caïeux: «Utilisez seulement ceux qui sont bien durs et d’une bonne grosseur, et mettez de côté ceux qui sont mous ou qui comportent des stries jaunes.» Et l’engrais? Pas tout de suite! «Certaines personnes en mettent à l’automne, mais ça a tendance à attirer les petits rongeurs et vous en perdrez une partie par lessivage. Je préfère mettre un peu d’engrais ou de compost tôt au printemps, dès que les premières pousses percent le sol. C’est comme un sprint: c’est très important d’enrichir le sol au début de la saison. Ensuite, il faut fertiliser toutes les deux semaines jusqu’au mois de juin.»
À quel moment peut-on espérer une première récolte?
Vous pourrez d’abord recueillir les tiges florales – la fleur d’ail – dès la mi-juin. «C’est très bon à consommer, mais, surtout, ça aide à la croissance du bulbe, précise Martin Girouard. On note un rendement supérieur de 12% quand on enlève la fleur d’ail.» Vous pourrez récolter vos bulbes quand la moitié des feuilles auront jauni. Pour en maximiser la conservation, vous devrez alors les laisser sécher deux ou trois semaines. «Dans le temps, on les accrochait dans le haut des granges, mais aujourd’hui, vous pouvez très bien le faire en les suspendant dans votre cabanon, pourvu qu’il soit bien ventilé. Si vous les laissez en plein soleil, ils vont se dessécher.» Gardez ensuite vos bulbes dans un endroit frais et sec, et replantez les plus beaux à l’automne. Le cycle se poursuit!
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