Il faut savoir que, selon les plus récents chiffres de Recyc-Québec, 1,2 million de tonnes d’aliments comestibles sont perdues ou gaspillées chaque année dans la province. De cette quantité, 45% sont des fruits et des légumes. C’est pourquoi des applications comme FoodHero, FlashFood et Too Good to Go, pour ne nommer que celles-là, gagnent rapidement en popularité. Elles permettent aux citoyens de sauver des aliments approchant leur date de péremption dans les épiceries, des surplus dans les restaurants et des invendus dans les petits commerces de quartier, qui, autrement, seraient jetés.
Pour ce faire, il suffit de les réserver sur l’application et d’aller les récupérer sur place au moment désigné. Le tout à une fraction du coût.
À la campagne
Sur sa terre, en Montérégie, Mathieu Jodoin produit des tomates ancestrales, des aubergines, des asperges, des pommes de terre et des haricots, entre autres légumes. Avant, lorsqu’il avait des surplus au champ ou des légumes trop moches pour son réseau de distribution, il devait les jeter, faute de ressources pour les écouler. «Mon autre option est de donner ces denrées à mes employés, ce que je fais encore», explique l’agriculteur, pour qui l’important reste toujours de bien nourrir le monde.
Sauf que, parfois, il lui en reste encore à écouler. C’est pourquoi il a décidé de tenter l’expérience Too Good to Go à l’été 2022. «Je ne pensais pas que ça aurait autant de succès», admet-il, à l’aube de la saison 2023. Le processus est simple, bien qu’il prenne un peu de temps: il prépare des paniers mixtes, affiche sur l’application le nombre de paniers à écouler et le moment pour venir les récupérer à sa ferme. Pour 5$, les gens obtiennent environ 30$ de denrées si elles étaient vendues à plein prix. De ce montant, il reste environ 4 $ dans ses poches après la commission qui revient à Too Good to Go pour la gestion de l’application. «L’an dernier, j’ai réussi à faire environ 700$ avec ces paniers», avoue-t-il. Un montant non négligeable pour un agriculteur.
S’il a réussi à aller chercher quelques nouveaux clients, il est particulièrement fier d’avoir pu nourrir des touristes de passage dans la région. «Beaucoup de Français en voyage au Québec sont venus récupérer des paniers. Ils connaissaient la plateforme parce qu’elle est populaire en France et ils voulaient économiser pendant leur séjour ici, en plus de manger local», raconte Mathieu Jodoin. Satisfait du résultat de sa première année sur cette application pour contrer le gaspillage alimentaire, il retentera l’expérience cette année.