Même si mon métier de nutritionniste ne m’y avait pas prédisposé, cela fait maintenant au moins dix étés que je visite les champs de nombreux producteurs agricoles. Pour suivre des ateliers, dans le cadre de cours, pour écrire des articles ou juste pour le plaisir de l’agrotourisme. Depuis que j’ai développé une gamme de coffrets de semences pour le potager, ce sont les semenciers avec qui je passe le plus de temps.
Dix étés, donc, à prendre le pouls de ces femmes et de ces hommes qui ont choisi le travail de la terre comme métier. Dix étés à entendre parler de la pluie et du beau temps et de leurs effets sur les fruits de leur labeur.
J’ai justement passé les deux dernières semaines d’août à faire le tour de plusieurs semenciers avec mon amie photographe Katya Konioukhova. Comme chaque année, nous devions immortaliser quelques variétés particulières de fruits et de légumes.
Cet été, quelque chose est différent.
Les nouvelles sur le terrain ne sont pas bonnes.
Tous les producteurs m’ont répété la même chose, allant même jusqu’à m’avertir par courriel pour me préparer à ce que j’allais observer chez eux. Je paraphrase: «Les champs sont laids cette année. La saison a été horrible. Les tomates sont pleines de mildiou. Je ne sais pas quelles plantes pourront être photographiées.»
Ne vous méprenez pas. Ce n’est pas la première fois que des agriculteurs me parlent des défis de la saison. Mais sur une trentaine de variétés qu’on devait photographier, nous avons réussi à en capturer environ sept. C’est la première fois que notre récolte est aussi mauvaise.