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Une bière sans alcool? Avec plaisir!

Publié le

11 février 2023

bière sans alcool
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Si la modération a meilleur goût, elle s’est trouvé de remarquables ambassadrices parmi les boissons légères ou totalement dépourvues d’alcool. Les vins, prêts-à-boire, seltzers et bières sans alcool connaissent en effet depuis quelques années un essor fulgurant. Rares sont d’ailleurs les microbrasseries québécoises qui ne disposent pas d’un brassin ou deux affichant fièrement de 0 à 0,5% degré d’alcool. Mais d’où vient cet intérêt croissant des Québécois pour ces boissons, et quel niveau de plaisir en retirent-ils?

Texte de Sophie Ginoux

Les bières sans alcool sont désormais fréquentes dans les frigos et sur les tablettes de nos commerces. On en trouve de toutes sortes: des blondes, des blanches, des rousses, des noires, ou encore des sures. Pourtant, il y a encore de cela cinq ans, les produits de ce type se comptaient sur les doigts d’une main, provenaient tous (ou presque!) de l’étranger et, au dire de beaucoup, correspondaient le plus souvent à des blondes insipides et sucrées.

Comme beaucoup de tendances, celle de produire des bières microbrassées sans alcool au Québec est donc née grâce à des pionniers comme Carl Fleury, à la tête de la brasserie La Voie maltée depuis plus de 20 ans. «J’y ai pensé dès que nous avons construit en 2014 une usine de production parallèlement à nos établissements du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de Québec, confie-t-il. Vu que les jeunes n’avaient droit à aucun alcool au volant jusqu’à l’âge de 21 ans et qu’ils allaient peut-être adopter par la suite de nouvelles habitudes de consommation, je me suis dit qu’il fallait créer des produits pour eux.»

bières sans alcool Voie Maltée
Les bières sans alcool de la gamme Raisonnable de la brasserie La Voie maltée.

Créer de la bière sans alcool

Le projet personnel de Carl Fleury ne s’est pas tout de suite concrétisé, car il n’existait pas encore d’équipements exploitables pour produire des bières sans alcool. Il a donc entamé une longue traversée du désert, faite de recherches, d’essais et d’erreurs, qui s’est achevée en 2018 par le lancement de la gamme Raisonnable, qui comprend une rousse, une bière de blé (wheat beer), une IPA et une sure.

Aujourd’hui, 300 000 de ces bières se sont écoulées chaque année à travers 1200 points de vente, ce qui représente 5% du chiffre d’affaires de la brasserie. On peut donc dire que l’idée du brasseur a porté ses fruits. Mais comment s’y est-il pris pour les concevoir? Plus facilement qu’on pourrait le croire, semble-t-il.

«On produit tout d’abord une bière, puis on la désalcoolise grâce à différents procédés, comme la distillation par évaporation, explique-t-il. Et puisque le risque central associé à la production de bières sans alcool est lié à la prolifération des bactéries et micro-organismes que l’alcool empêche d’ordinaire de procréer, on trouve maintenant des levures adaptées au sans-alcool.»

De la variété… et du goût!

L’évolution rapide des technologies et l’arrivée d’ingrédients spécifiques ont donc permis l’émergence, puis la multiplication des bières sans alcool sur le marché québécois. Mais qu’en est-il du goût et de la vision que l’on a de ce genre de produits?

Michael Jean, fondateur et p.-d.g. de la brasserie Le BockAle, établie à Drummondville et connue pour sa spécialisation en bières sans alcool, est formel: «Penser que les arômes des bières sans alcool sont moins présents et plus volatils que ceux des bières traditionnelles est lié à une fausse perception. En fait, elles en ont tout autant et se prêtent aussi bien à la dégustation qu’à la préparation de mocktails ou de recettes salées comme sucrées.» L’entrepreneur a d’ailleurs créé des sorbets avec son IPA La Découverte, et il utilise sa rousse Persévérance pour déglacer des sauces.

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Michael Jean et les bières sans alcool du BockAle.

Les sept bières sans alcool de BockAle, qui représentent 85% de son chiffre d’affaires et dont plus d’un million sont vendues chaque année, séduisent par conséquent un public bien plus large que celui des personnes contraintes de se passer d’alcool. «Tout le monde consomme aujourd’hui de ces bières, même les amateurs de bières traditionnelles, explique Michaël Jean. Les jeunes, mais aussi les sportifs, les travailleurs, les parents, tous ceux qui veulent avoir le plaisir de boire de la bière sans les effets nocifs et les calories de l’alcool.» Un avis partagé par son confrère Carl Fleury, qui estime que «les campagnes d’éducation et de sensibilisation à de saines habitudes de vie relayées par les réseaux sociaux» continueront à contribuer à la popularité des bières sans alcool.

«Et grâce au vaste choix de produits de qualité qui existe dorénavant sur le marché, les consommateurs n’ont plus d’excuses pour ne pas s’y intéresser!» ajoute-t-il. Les dernières conclusions scientifiques annoncées par le Centre canadien sur les dépendances et l’usage de substances recommandant moins de deux consommations d’alcool par semaine ne lui donneront pas tort.

Ce texte est paru à l’origine dans les pages du quotidien Le Devoir, le 28 janvier 2023.

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