Une boisson végétale on ne peut plus locale - Caribou

Une boisson végétale on ne peut plus locale

Publié le

18 août 2023

Texte de

Virginie Landry

Les boissons végétales ont la cote. Elles sont plus écologiques, leur production nécessitant moins d’eau, de grains et de terrain que la production de lait de vache, en plus d’engendrer moins de gaz à effet de serre. Elles sont aussi fort appréciées pour leur coût et leur goût. Une entreprise montréalaise, Damdrinks, s’est demandé comment innover dans ce domaine. Elle a réussi à créer une boisson d’avoine locale, sous forme de concentré auquel il suffit d’ajouter de l’eau. Un produit unique, écologique et pratique.
Photo fournie par Dam Drinks | Crédit: Alex Blouin et Jodi Heartz
Les boissons végétales ont la cote. Elles sont plus écologiques, leur production nécessitant moins d’eau, de grains et de terrain que la production de lait de vache, en plus d’engendrer moins de gaz à effet de serre. Elles sont aussi fort appréciées pour leur coût et leur goût. Une entreprise montréalaise, Damdrinks, s’est demandé comment innover dans ce domaine. Elle a réussi à créer une boisson d’avoine locale, sous forme de concentré auquel il suffit d’ajouter de l’eau. Un produit unique, écologique et pratique.
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Annie Lafleur, fondatrice de Damdrinks, aurait pu ne jamais avoir l’idée de créer une boisson végétale, n’eût été son échange étudiant en Australie en 2016. «J’y allais clairement à la recherche d’ambitions pour la suite», raconte la jeune entrepreneuse. Après sa session à l’Université de Melbourne et avant de rentrer à la maison au Québec, Annie Lafleur travaille dans un café à Sydney où la boisson d’amande est faite maison. Fascinée par le produit, elle se porte volontaire pour le préparer chaque matin. Le déclic se fait là. 

De retour au Québec en 2017, elle termine sa dernière année d’études à HEC Montréal avec une spécialisation en entrepreneuriat, et son projet de fin d’études porte sur la fabrication de boissons végétales destinées aux cafés. Lorsqu’elle se met à réfléchir à ce qu’elle a envie de produire, Annie Lafleur se fixe trois objectifs: faire une boisson bonne au goût, créer un produit avec une courte liste d’ingrédients et travailler sur l’aspect écologique des boissons végétales, dont l’emballage. 

En 2019, elle élabore une première recette de boisson d’amande, qui, malheureusement, ne répond pas à ses attentes: sa durée de vie est à peine de quelques jours. Par chance, on lui présente à ce moment Sébastien Bureau, un spécialiste en microbiologie alimentaire, qui lui suggère de retirer l’eau de son produit et de plutôt créer une pâte à laquelle le consommateur ajouterait lui-même de l’eau au moment de consommer la boisson. 

Bingo, ça fonctionne! 

La pâte ainsi créée a une durée de vie d’un an à température ambiante et d’une semaine au réfrigérateur une fois mélangée à de l’eau. Puisqu’elle est vendue dans un seau qui se conserve au garde-manger, on évite des dizaines de cartons de lait dans le bac de récupération et on gagne de la place dans le réfrigérateur. 

En 2020, elle lance officiellement un premier produit: une boisson d’amande et de tournesol sous forme de concentré offerte aux cafés ainsi qu’aux particuliers. La boisson d’avoine et la boisson arachide-chocolat suivront peu de temps après. 

Recette secrète 

Certes, les boissons Damdrinks sont un peu plus chères que certaines options qu’on peut trouver à l’épicerie. Un seau de pâte à boisson d’amande est vendu 228$ pour 57 litres, soit 4$ le litre. La boisson d’avoine est à 144$ pour un seau de 36 litres, soit aussi 4$ le litre. «On aime se comparer aux boissons végétales des catégories barista. Dans cette catégorie, la nôtre est moins chère», affirme Annie Lafleur. «En général, on observe qu’un seau peut durer environ trois mois», ajoute-t-elle. 

«Notre boisson d’avoine représente 70% de notre chiffre d’affaires», confie Annie Lafleur. Fait d’avoine bio du Canada, d’huile de tournesol bio du Québec et de sel de l’Himalaya, le produit est non filtré, non pasteurisé, donc hautement nutritif. Quant à la texture, la fondatrice de Damdrinks assure que ses produits sont riches et onctueux, qu’ils s’utilisent bien dans les cafés et qu’ils ont un goût «complet et naturel». 

Si on connaît les ingrédients d’un concentré Damdrinks, Annie Lafleur se garde bien de dévoiler tout ce que ça prend pour y arriver. «On développe notre expertise à l’interne, c’est ce qui a le plus de sens pour nous.» Leur produit étant tout à fait unique au Canada, voire au monde, Annie Lafleur et son équipe préfèrent ne pas le faire breveter et continuer d’innover de leur côté. D’ailleurs, développer un produit Damdrinks est très long, mais l’équipe ne manque pas d’idées pour diversifier son offre. Une fois la production bien rodée, c’est une boisson de soya du Québec qu’Annie Lafleur aimerait proposer. «La demande est là, et c’est tout à fait aligné avec nos valeurs», résume-t-elle. Et même si la jeune entrepreneuse admet que Damdrinks n’est pas une aventure facile – «on a quand même décidé de créer un produit qui n’existait pas avant!» –, cela lui convient parfaitement.

Photos fournies par Dam Drinks | Crédit: Alex Blouin et Jodi Heartz

Où goûter les produits Damdrinks?

Barley bar à céréales, Montréal

Cafés Dispatch, Montréal

Café Hélico, Montréal

Cafés Pista, Montréal

Cafés Paquebot, Montréal et Gaspé

Chez Casgrain, Kamouraska

La Place 337, Saguenay

Noök, Sainte-Adèle 

Iconoglace, Montréal

Les Givrés, Montréal 

Boissons végétales: quelle option choisir?

Que ce soit à cause d’une intolérance au lactose, dans le cadre d’une alimentation végétarienne ou pour contrer l’impact environnemental de la production de lait de vache, il y a plusieurs raisons d’opter pour une boisson végétale et tout autant d’options. Cependant, ces boissons ne sont pas toutes égales. Laquelle choisir?

À la recherche du meilleur substitut de lait d’un point de vue environnemental? Il faut alors considérer l’utilisation d’eau nécessaire à la production de sa matière première, les émissions de gaz à effet de serre des usines de transformation et du transport des produits, ainsi que la superficie de terres agricoles utilisées, la déforestation engendrée par sa culture et les répercussions sur la biodiversité.

Ensuite, il ne faut pas oublier l’aspect nutritionnel des boissons. À vérifier sur le carton: la liste d’ingrédients (Est-elle courte? D’où proviennent-ils?), la quantité de glucides, de protéines et de vitamines (dont le calcium) dans une portion.

D’autres aspects sont non négligeables: le coût, le goût et la capacité à mousser, si on consomme surtout notre lait dans un café latté.

Comparaison entre trois boissons végétales populaires.

Au goût et en texture, la boisson d’avoine est probablement la plus onctueuse tout en étant naturellement douce. Elle est riche en calcium et contient des fibres, en plus d’un certain apport en protéines. Elle mousse particulièrement bien, ce qui fait d’elle une option parfaite pour un latté. En ce qui a trait à l’environnement, elle coche toutes les bonnes cases: elle nécessite peu d’eau, peu de terres agricoles, et sa production émet peu de gaz à effet de serre. Et si on choisit une boisson faite d’avoine canadienne, on réduit encore plus son empreinte carbone.

En général, la boisson de soya fait bonne figure d’un point de vue environnemental. Ses valeurs nutritives se comparent à celles du lait de vache, mais elle est moins calorique. Elle est protéinée, riche en fer et faible en gras. Le plus gros problème concernant la boisson de soya est que sa production, qui va toujours en augmentant, participerait à la déforestation de l’Amazonie, en Amérique du Sud. C’est pourquoi il vaut mieux vérifier si le soya utilisé a été cultivé au Canada ou aux États-Unis.

L’important point négatif de la boisson d’amande est que sa production requiert une très grande quantité d’eau. Les amandiers sont des arbres qui ont soif, et produire un verre de 200 ml nécessite environ 74 litres d’eau, selon le site anglais Science Focus. Cependant, c’est tout de même beaucoup moins que le lait de vache, qui nécessite environ 125 litres d’eau pour la même quantité. Du côté nutritionnel, la boisson d’amande, composée à environ 98% d’eau, est souvent bourrée d’additifs pour la rendre nutritive et de sucre pour en adoucir le goût. Il faut choisir l’option sans sucre pour réellement en apprécier les qualités. Malgré tout, elle contient très peu de protéines.

Vedette en devenir: la boisson de pois 

Faite de protéine de pois jaunes cassés et séchés, la boisson de pois est encore difficile à trouver, mais gagne lentement en popularité. Si elle devait se tailler une place importante sur le marché des boissons végétales, elle serait une option intéressante pour les locavores, puisqu’on produit du pois jaune au Québec. Elle est nutritive (protéinée et très riche en calcium) et douce pour l’environnement.

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