Annie Lafleur, fondatrice de Damdrinks, aurait pu ne jamais avoir l’idée de créer une boisson végétale, n’eût été son échange étudiant en Australie en 2016. «J’y allais clairement à la recherche d’ambitions pour la suite», raconte la jeune entrepreneuse. Après sa session à l’Université de Melbourne et avant de rentrer à la maison au Québec, Annie Lafleur travaille dans un café à Sydney où la boisson d’amande est faite maison. Fascinée par le produit, elle se porte volontaire pour le préparer chaque matin. Le déclic se fait là.
De retour au Québec en 2017, elle termine sa dernière année d’études à HEC Montréal avec une spécialisation en entrepreneuriat, et son projet de fin d’études porte sur la fabrication de boissons végétales destinées aux cafés. Lorsqu’elle se met à réfléchir à ce qu’elle a envie de produire, Annie Lafleur se fixe trois objectifs: faire une boisson bonne au goût, créer un produit avec une courte liste d’ingrédients et travailler sur l’aspect écologique des boissons végétales, dont l’emballage.
En 2019, elle élabore une première recette de boisson d’amande, qui, malheureusement, ne répond pas à ses attentes: sa durée de vie est à peine de quelques jours. Par chance, on lui présente à ce moment Sébastien Bureau, un spécialiste en microbiologie alimentaire, qui lui suggère de retirer l’eau de son produit et de plutôt créer une pâte à laquelle le consommateur ajouterait lui-même de l’eau au moment de consommer la boisson.
Bingo, ça fonctionne!
La pâte ainsi créée a une durée de vie d’un an à température ambiante et d’une semaine au réfrigérateur une fois mélangée à de l’eau. Puisqu’elle est vendue dans un seau qui se conserve au garde-manger, on évite des dizaines de cartons de lait dans le bac de récupération et on gagne de la place dans le réfrigérateur.
En 2020, elle lance officiellement un premier produit: une boisson d’amande et de tournesol sous forme de concentré offerte aux cafés ainsi qu’aux particuliers. La boisson d’avoine et la boisson arachide-chocolat suivront peu de temps après.
Recette secrète
Certes, les boissons Damdrinks sont un peu plus chères que certaines options qu’on peut trouver à l’épicerie. Un seau de pâte à boisson d’amande est vendu 228$ pour 57 litres, soit 4$ le litre. La boisson d’avoine est à 144$ pour un seau de 36 litres, soit aussi 4$ le litre. «On aime se comparer aux boissons végétales des catégories barista. Dans cette catégorie, la nôtre est moins chère», affirme Annie Lafleur. «En général, on observe qu’un seau peut durer environ trois mois», ajoute-t-elle.
«Notre boisson d’avoine représente 70% de notre chiffre d’affaires», confie Annie Lafleur. Fait d’avoine bio du Canada, d’huile de tournesol bio du Québec et de sel de l’Himalaya, le produit est non filtré, non pasteurisé, donc hautement nutritif. Quant à la texture, la fondatrice de Damdrinks assure que ses produits sont riches et onctueux, qu’ils s’utilisent bien dans les cafés et qu’ils ont un goût «complet et naturel».
Si on connaît les ingrédients d’un concentré Damdrinks, Annie Lafleur se garde bien de dévoiler tout ce que ça prend pour y arriver. «On développe notre expertise à l’interne, c’est ce qui a le plus de sens pour nous.» Leur produit étant tout à fait unique au Canada, voire au monde, Annie Lafleur et son équipe préfèrent ne pas le faire breveter et continuer d’innover de leur côté. D’ailleurs, développer un produit Damdrinks est très long, mais l’équipe ne manque pas d’idées pour diversifier son offre. Une fois la production bien rodée, c’est une boisson de soya du Québec qu’Annie Lafleur aimerait proposer. «La demande est là, et c’est tout à fait aligné avec nos valeurs», résume-t-elle. Et même si la jeune entrepreneuse admet que Damdrinks n’est pas une aventure facile – «on a quand même décidé de créer un produit qui n’existait pas avant!» –, cela lui convient parfaitement.