Odile Dumais et le pique-nique sur la neige - Caribou

Odile Dumais et le pique-nique sur la neige

Publié le

30 novembre 2020

randonnee et bonne nourriture
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Il y a vingt ans, en invitant Odile Dumais à la radio, nous voulions évoquer le plaisir d’être et de manger dehors en randonnée. Pour continuer l’hiver venu, j’ai pelleté ma terrasse, sorti mon magnétophone, et elle est venue cuisiner. Au moment de la diffusion, on entendait le son caractéristique des casseroles légères et des réchauds. Nous étions dehors avec elle.

Texte d’Hélène Raymond

Au fil des chroniques, des saisons, des années, nous nous sommes retrouvées pour échanger et, avec le temps, nous sommes devenues amies. En proposant à Caribou un billet consacré à l'alimentation en plein air, en cet hiver où tout devrait nous pousser à sortir pour garder le moral, j’ai pensé à Odile qui a réchauffé ses casseroles au nord du nord, embaumé l’air glacial en cuisant ses galettes polaires pour tirer des campeurs de leur sommeil, préparé des repas d’expédition en s’assurant que ses clients ne manquent de rien et lyophilisé des kilos de denrées pour les alléger avant le transport. «Madame Gastronomie en plein air», jardine, cuisine, compote, fricote, tout en comptant lipides, protéines et calories, comme toute bonne nutritionniste.

Enfant, à Lac-Bouchette au Lac-Saint-Jean, la pêche en rivière, la pose de collets, la cueillette de bleuets sauvages, les petits pains chauds de sa mère qui attendent au retour de l’école font partie des rites familiaux. Elle se souvient avoir mangé dans le «snowmobile» de son père. Ce véhicule muni de skis pour aller sur la neige et recouvert d’une cabine lui a servi de premier refuge. À quinze ans, elle veut «gagner sa vie en emmenant les gens marcher en forêt pour leur préparer un repas de fête au retour»!

Quand elle arrive à Montréal, dès sa première année de formation, elle développe sa spécialité. «J’ai démarré le club de plein air de l’Université de Montréal, offert des sorties d’automne et d’hiver, rempli des autobus de 47 passagers et laissé savoir que j’étudiais en nutrition. C’est ainsi que j’ai commencé à informer, à influencer.» Les aventuriers qui ont fait appel à ses services pour les nourrir en expédition apprécient son talent. Il faut relire la liste de ce qu’elle transporte à l’été 2000 pour l’équipe de cinéastes du Peuple migrateur et qu’elle décrit dans la deuxième édition de La gastronomie en plein air, pour mesurer l'expertise et le raffinement. Les fromages Migneron, Perron, des chèvres vieillis, du bleu Bénédictin «affiné au maximum pour rester stable le plus longtemps» voyagent avec elle jusqu’à l’île Bylot, dans l’Arctique.

Les trois règles: minimiser le poids, combler les besoins énergétiques et maximiser le plaisir s’appliquent à toutes ses sorties, à des échelles différentes. Aujourd’hui, elle se réjouit de faire connaître les refuges et leur ambiance chaleureuse à ses petites filles.

«J’aime manger dans un refuge, sous la tente. C’est toujours une fête, en toutes circonstances. Le repas apporte de la couleur et de la joie de vivre à la randonnée.»

Odile Dumais

Pas besoin de partir longtemps! Quelques heures suffisent à condition «de s’organiser pour que la sortie soit l’fun: habillement adapté, bâtons de marche, crampons si c’est glacé, lunch appétissant et bonne compagnie!»

Plein air en famille et bons repas
Odile Dumais et sa petite-fille Alice. | Crédit photo: Alain Miville de Chêne

Et pour ce qui est de la nourriture à glisser dans un sac à dos, elle énumère rapidement quelques idées de base: on boit chaud, on avale des protéines, on épice les plats, on oublie les crudités et on garde le sucre pour la fin de journée. Pour les petits, une poignée de noix, du chocolat, un biscuit goûteux remontera le moral avant les derniers kilomètres et donnera envie de recommencer. «Ils ont un immense besoin d’activité physique», insiste-t-elle.

Essayez la recette de Cake salé cheddar et brocoli d’Odile Dumais

Pour les sorties plus exigeantes, entre adultes, elle suggère de fractionner les repas en faisant une pause toutes les heures. «Je cale mes mitaines dans mon manteau, je bois et mange un peu et je continue.» Les calories sont ainsi réparties pendant la journée. Attention de ne pas rester trop longtemps arrêté, on risque de ne pas avoir le courage de repartir et de geler au retour. Pour courir les bois le plus longtemps possible, ce qui tient chaud «c’est le fait de bouger, mais il ne faut jamais oublier que digérer réchauffe.»

Celle qui perfectionne depuis l’adolescence «l’art de bien manger en excursion et en expédition» ignore encore si elle est gastronome-randonneuse ou randonneuse-gastronome. Peu nous importe. La règle d'Odile Dumais, que l'on soit dehors ou à sa table, c’est de faire du bien autour d’elle et que ce bien rassasie d’amour et d’énergie.

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