De la graine à la table - Caribou

De la graine à la table

Publié le

20 septembre 2021

Texte de

Virginie Landry

Geneviève Daoust s’occupe d’une parcelle de terrain dans un jardin communautaire de Montréal depuis plusieurs années. Pour la jeune trentenaire qui travaille dans le domaine des communications, le jardinage est un passe-temps… qui occupe beaucoup de son temps! Rencontre avec cette passionnée qui récolte et produit ses propres semences, pour ensuite les partager avec d’autres jardiniers.
partage de graines
Geneviève Daoust s’occupe d’une parcelle de terrain dans un jardin communautaire de Montréal depuis plusieurs années. Pour la jeune trentenaire qui travaille dans le domaine des communications, le jardinage est un passe-temps… qui occupe beaucoup de son temps! Rencontre avec cette passionnée qui récolte et produit ses propres semences, pour ensuite les partager avec d’autres jardiniers.
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En effet, Geneviève Daoust produit ses légumes et fleurs ornementales «de la graine à la table». Elle a eu la piqûre pour les semences il y a environ cinq ans, alors qu’une jardinière de son jardin communautaire lui a offert une laitue. «Elle m’a ensuite demandé si je l’avais aimée, se souvient-elle. J’ai dit oui, alors elle m’a suggéré de prendre les graines pour que je puisse en faire pousser moi-même l’an prochain. Je ne savais pas comment faire, alors elle m’a montré.»

Geneviève Daoust produit ses légumes et fleurs ornementales «de la graine à la table».

C’est à ce moment qu’elle a réalisé qu’en récoltant ses graines, elle pourrait être un peu plus autosuffisante dans son alimentation tout en choisissant de faire pousser ce qu’elle aime manger.

Ses premières semences ont donc été des laitues, des poivrons et des cerises de terre, «des semences faciles». Maintenant, les graines n’ont plus vraiment de secrets pour elle: «je sais comment faire fermenter mes graines, les entreposer et même estimer leur variabilité génétique».

Comment conserver ses semences?

Par Les Urbainculteurs

Il est recommandé de commencer par des variétés faciles à conserver comme les haricots, les tomates, ou les poivrons.

Pour conserver des semences de haricots, par exemple, choisissez les plus belles gousses sur votre plant en début de saison et laissez-les grossir jusqu’à la fin de l’été. À mesure que le haricot grandit, vous verrez les graines faire de petites bosses sous sa surface. Après plusieurs semaines, le haricot commencera à se dessécher. Vous pouvez attendre qu’il sèche complètement avant de le détacher du plant (s’il n’y a pas de risque de gel ou trop de pluie) ou le laisser finir de sécher à l’intérieur. Une fois la gousse complètement sèche, écossez-la pour trouver vos semences! Conservez-les dans une enveloppe de papier sur laquelle vous aurez noté la variété et l’année de la récolte.

Pour les tomates, sélectionnez un beau fruit mûr et mettez ses graines dans un pot avec un peu d’eau. Laissez fermenter à température pièce de 3 à 5 jours, avant de bien rincer. Cela permet de libérer la semence de la petite gelée qui l’enveloppe, la préparant ainsi à la germination l’année suivante. Faites ensuite sécher les graines sur une assiette ou sur une plaque avant de les mettre dans leur enveloppe.

Des enveloppes remplies de semences

Si elle récolte une partie de ses semences à même son jardin, Geneviève Daoust participe aussi à des groupes d’échange de semences en ligne et en personne.

«Je fais des échanges à deux niveaux, explique-t-elle. Le premier, c’est local et restreint, c’est-à-dire que ça se passe au jardin communautaire. On se retrouve cinq ou six jardiniers ensemble et on échange nos graines. Le deuxième niveau, c’est avec l’aide de groupes sur Facebook qui offrent la possibilité aux gens d’échanger des graines, la plupart du temps gratuitement, afin de diversifier leur potager.»

Des dizaines de groupes régionaux existent sur Facebook, certains ayant plusieurs centaines de membres. Sur le groupe Échange de semences province Québec, on compte presque 7000 membres.

«Tu découvres que tu n’es pas seul à avoir une réelle passion pour les semences!»
Geneviève Daoust

Le réel intérêt de faire ces échanges est de découvrir de nouvelles variétés qui ne se retrouvent pas en pépinière ou en épicerie.

Le fonctionnement de ces groupes est tout simple. Certains membres vont faire des demandes spécifiques, s’ils cherchent, par exemple, une variété de poivron ou de fleur en particulier.

D’autres vont s’organiser en petit groupe de 10 jardiniers autour de thématiques: les tomates, les concombres, les fines herbes, etc. Une personne dans le groupe s’occupe de coordonner les envois postaux entre tous les membres, qui eux fournissent tous une variété différente de l’aliment thématique. C’est un moyen efficace de remplir son catalogue de graines.

Bien sûr, il arrive parfois de tomber sur des graines mal identifiées, mal récoltées, mal conservées. Selon Geneviève Daoust, la meilleure façon de contourner ce problème est de savoir poser les bonnes questions (quelle est l’année de récolte/production, dans quel climat est-ce que la graine a été produite et quelle est la variété exacte de la semence) et de cibler les jardiniers qui tiennent un inventaire rigoureux de leur catalogue de semences. C’est encore mieux s’ils ont des photos!

Pour quelqu’un qui débute et qui n’a pas de semences à échanger, il est possible d’acheter des graines de producteurs de semences biologiques québécois et ainsi d’avoir un inventaire de base pour commencer à faire du troc.

Passion tomates

C’est grâce à ces échanges de semences que Geneviève a pu faire une belle découverte cet été: la tomate Black Prince «Les tomates noires sont mes préférées, avoue-t-elle. Celle-ci a une belle teinte violacée et est délicieuse dégustée telle quelle ou en bruschetta.»

De son côté, il y a deux variétés de tomates qu’elle aime envoyer aux autres jardiniers: la tomate cerise Black cherry, qui est parfaite en salade à la grecque avec du bocconcini ainsi que la tomate Green zebra, «incroyable en sandwich».

Produire ses semences est un passe-temps extrêmement demandant en temps, en énergie… «et en amour», déclare Geneviève Daoust en riant. «Je ne peux pas quantifier le temps que ça me prend. Je ne le calcule pas, c’est ma passion.»

Voici un horaire quatre saisons typique de quelqu’un qui produit ses propres semences, comme le fait Geneviève:

Fin été/automne: C’est la récolte des semences. Il faut les faire sécher, les étiqueter puis les entreposer correctement.

Hiver: C’est le moment de planifier son futur jardin: qu’est-ce qui sera planté cette année et en quelle quantité? L’hiver est la saison idéale pour les échanges de semences.

Fin hiver/début printemps: C’est le temps de commencer ses semis.

Fin printemps/début été: Les semis sont plantés au jardin et fertilisés, puis entretenus tout l’été.

Été: On récolte le fruit de son labeur et on déguste de beaux produits frais.

➤  Suggestion lecture de Geneviève: La conservation des semences de Semences du patrimoine

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