Elle sillonne le Québec en entier à longueur d’année afin de donner des conférences et des ateliers, poser pour des photos avec jeunes et moins jeunes et donner des conseils culinaires sur le pouce à tous ceux qui lui en demandent. Comme si ce n’était pas assez, elle cuisine sans cesse afin de ne jamais arriver à un évènement les mains vides. En effet, des maraîchers passent régulièrement chez elle afin de lui fournir des fruits et des légumes qu’elle pourra cuisiner à sa guise. Elle en profite alors pour concocter des petits plats qui seront occasionnellement vendus au profit de la Fondation Sœur Angèle, comme des sauces et du ketchup maison, son fameux sucre à la crème au micro-ondes ou les petits pots d’oignons confits qu’elle prépare justement ce jour-là.
Apprendre à cuisiner
À son arrivée au Québec, sœur Angèle suit des cours du soir à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ) afin d’y apprendre la cuisine. Elle y enseignera ensuite de 1975 à 1991. Apprendre aux gens à cuisiner est selon elle le plus beau métier du monde. «J’ai la santé des gens entre les mains.»
À son avis, plusieurs ne savent plus cuisiner ou ne prennent plus le temps de cuisiner. Ceux à qui elle a autrefois enseigné «sont maintenant dans les résidences pour personnes âgées où ils ne se préparent plus de repas», déclare-t-elle.
Lorsqu’elle a commencé à enseigner la cuisine au public québécois, elle se souvient qu’il n’y avait que très peu d’ingrédients disponibles: «les gens utilisaient la citrouille, le maïs, la courge, les pommes de terre, les oignons et les carottes. Maintenant, on a accès à tellement d’aliments!» À son grand désarroi, les Québécois ne profitent tout simplement pas de cette abondance.
Pourtant, s’ils revenaient aux bases, elle est persuadée que leur épicerie coûterait moins cher, qu’ils mangeraient mieux et… qu’ils digèreraient mieux!
«On ne mange plus à table, on mange vite, en quelques bouchées, assis devant nos ordis, nos téléphones: on mange devant des problèmes et ça nous fait faire du reflux!»
«Chi va piano va sano e va lontano», lâche-t-elle, dans sa langue maternelle. Qui va lentement, va bien et va longtemps.