— Quel était ton rapport à l’alimentation avant d’animer L’épicerie?
Je suis vraiment une gourmande et je baigne dans le milieu de la restauration depuis longtemps. Depuis que j’ai 16 ans, je ramasse de l’argent pour aller essayer des restos. Mon frère aîné a travaillé pendant 10 ans à L’Express. J’ai aussi travaillé en restauration et j’ai même marié un gars de restauration!
Ma mère, comme plein de gens de sa génération, était une excellente cuisinière, mais elle était surtout une aventurière en cuisine. Elle essayait plein d’affaires, elle connaissait tous les nouveaux mouvements. Elle a suivi le régime macrobiotique dans les années 1980. Elle allait même à Montréal pour trouver des produits particuliers qu’elle ne trouvait pas à Trois-Rivières.
Mon père, lui, était agent d’assurances et avait un circuit rural pour faire la collecte de ses polices. Chaque mois, il allait chercher le 12 dollars et 22 sous de la police chez ses clients, et il avait comme principe de s’approvisionner chez eux. Le samedi, on allait donc acheter nos œufs chez M. Beaulieu, qui avait une ferme avicole. On allait chez tel autre qui avait une ferme laitière chercher le lait. On achetait un bœuf entier chez un éleveur de bovins. J’ai grandi dans ces valeurs, mais on n’appelait pas ça de l’achat local dans le temps!
— Depuis que tu coanimes L’épicerie, est-ce que ta façon de faire tes achats alimentaires a changé?
Ce qui a le changé le plus, c’est mon regard sur le panier d’épicerie des autres et sur l’accessibilité et la disponibilité des produits. Je me suis rendu compte qu’avant de coanimer L’épicerie, je ne regardais pas le prix des aliments. Le rédacteur en chef nous disait souvent: «On ne fait pas une émission pour parler de foie gras. On est là pour parler du prix du panier d’épicerie et pour dire aux gens quels produits sont des bons achats.»
Tu peux dire aux gens que ça existe des produits locaux, des produits bio, des produits équitables, que c’est le fun d’encourager ton voisin, mais si les gens n’ont pas les moyens, nous on va leur dire à quel endroit le poulet est le moins cher cette semaine, parce qu’ils ont probablement une famille à nourrir. Et ça va être sûrement dans une grande chaîne car il n’y en a pas d’épiceries Valmont à Sept-Îles.