La petite histoire du vignoble québécois - Caribou

La petite histoire des vignobles d’ici

Publié le

26 mai 2021

Texte de

Audrey Lavoie

Illustration par

Anne-Julie Dudemaine

Bien qu’elle soit toujours en train de s’écrire, la jeune histoire vitivinicole du Québec est déjà jalonnée de plusieurs événements importants. Retour en arrière.
histoire du vignoble québécois
Bien qu’elle soit toujours en train de s’écrire, la jeune histoire vitivinicole du Québec est déjà jalonnée de plusieurs événements importants. Retour en arrière.
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Plus grand que la panse

1535

En arrivant chez nous, par le fleuve Saint-Laurent, les premiers explorateurs et colons français remarquent la présence abondante de vignes sauvages, la vitis riparia. En 1535, parce qu’il est recouvert de ces vignes, le morceau de terre connu aujourd’hui sous le nom d’île d’Orléans est nommé «Isle de Bacchus» par Jacques Cartier.

1608

Vers 1608, Samuel de Champlain importe des vignes d’Europe afin de les planter dans la toute nouvelle ville de Québec. Mais elles ne survivent pas aux durs hivers du Nouveau Monde. Dès le début de la colonisation, on tente de vinifier la vitis riparia, mais le goût du vin qui en découle en rebute plus d’un.

1860

Vers les années 1860, grâce à l’arrivée de cépages hybrides américains, mieux adaptés à notre climat, une trentaine de vignobles s’établissent dans le sud du Québec. Répartis sur une quarantaine d’hectares, ils disparaissent peu à peu à la fin du XIXe siècle, pour des raisons peu connues aujourd’hui.

1939

Joseph-O. Vandal fonde son premier vignoble expérimental, à Neuville. Celui qui est considéré comme le père de la viticulture québécoise moderne continue par la suite ses nombreuses expérimentations sur les vignes, à divers endroits dans la province, jusqu’à sa mort, en 1994.

1960-1970

Avec la tenue d’Expo 67 et l’arrivée de vagues d’immigrants européens, notamment, le Québec s’ouvre au monde et apprécie de plus en plus le (bon) vin, dont la consommation croît d’année en année.

1979

Joseph-O. Vandal et Gilles Rondeau créent l’Association des viticulteurs du Québec à Charlesbourg, à Québec.

1980

Le premier vignoble commercial québécois, le Domaine des Côtes d’Ardoise, est fondé par Christian Barthomeuf, à Dunham, dans les Cantons-de-l’Est.

1985

Cinq vignobles pionniers obtiennent de Québec le droit de vendre leurs vins, mais au vignoble seulement. Il s’agit du Domaine des Côtes d’Ardoise, de L’Orpailleur ainsi que de trois vignobles aujourd’hui disparus: Vignoble Angell (Saint-Bernard-deLacolle), La Vitacée (Sainte-Barbe) et Saint-Alexandre (Saint-Alexandre). La même année, le premier cépage rustique québécois est créé: le vandal-cliche.

1987

L’Association des vignerons du Québec (AVQ) est créée. En 2018, elle adopte le nom de Conseil des vins du Québec (CVQ). Le CVQ, dont le président est Louis Denault, propriétaire du vignoble Sainte-Pétronille, compte aujourd’hui près de 70 membres.

1996

Un premier vin québécois, un blanc de L’Orpailleur, est vendu à la Société des alcools du Québec (SAQ).

1998

Les vignerons obtiennent le droit de vendre leurs produits directement aux restaurateurs.

2006

L’Association pour le développement de la vitiviniculture au Québec, qui devient en 2010 les Vignerons indépendants du Québec, est fondée. Aujourd’hui formée de 55 membres, l’association est menée par Charlotte Reason, vigneronne à La Charloise, à Lotbinière.

2008

L’AVQ entame des démarches pour la création d’une dénomination «Vin du Québec certifié» qui vise à «déterminer des critères de qualité élevés pour les produits certifiés, garantir l’origine des vins et faire reconnaître la spécificité de notre viticulture».

2010

Les premiers vins du Québec certifiés, millésime 2009, arrivent sur les tablettes.

2013

La SAQ annonce la création de la catégorie Origine Québec afin de faire une plus belle place aux produits d’ici dans ses succursales.

2016

Le projet de loi 88 sur le développement de l’industrie des boissons alcooliques artisanales, qui permet (enfin!) aux titulaires d’un permis de production artisanale (dont les vignerons) de vendre leurs produits directement dans les épiceries, est adopté par l’Assemblée nationale. Un marché qui sera fort profitable à beaucoup d’entre eux.

2018

Après des années de démarche par l’AVQ, la reconnaissance de l’indication géographique protégée (IGP) «Vin du Québec» est finalement accordée par le Conseil des appellations réservées et des termes valorisants (CARTV). Cette indication permet d’assurer une traçabilité complète du produit, de la vendange à la bouteille.

2018

L’Australie se plaint à l’Organisation mondial du commerce (OMC) que le Québec bénéfice d'un accès privilégié au marché des épiceries (en vertu de la Loi 88). Après plusieurs négociations une entente finale est conclue en avril 2021. Cette entente stipule que l’Australie accepte que les vins du Québec soient vendus directement dans les épiceries, mais qu’une «taxe» équivalente à la marge de la SAQ soit appliquée. À cela s’ajoute la taxe d’accise, qui était aussi au cœur du litige, que les vignerons québécois devrons payer pour chaque litre vendu. 

➤ À ce sujet: Les vignerons face à l’OMC: c’est comme perdre son meilleur ami, une chronique de Sébastien Daoust

2024

À ce jour, on compte environ 165 vignobles au Québec (le nombre ayant presque doublé en 10 ans!), plus de 1000 hectares de vignes plantées, et 3,1 millions de bouteilles de vin produites! 

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