Cet automne, Caribou s’intéresse à cette science qu’est la nutrition: à son histoire, à ses impacts sur notre santé, à sa place dans notre quotidien et à ce qu’elle dit de nos sociétés.
Alors que les conseils nutritionnels pullulent sur les réseaux sociaux et qu’il est difficile de s’y retrouver quand vient le temps de «bien manger», c’est le thème de la nutrition «à la québécoise» que Caribou a cette fois-ci décidé de creuser. Autour de cette thématique, l’équipe propose un numéro inspirant et éclairant, en plus d’offrir des outils pratiques pour passer à l’action et consommer plus localement.
Il se trouve aux abords du fleuve Saint-Laurent, des environnements foisonnants de vie que l’on appelle des milieux humides. Sis entre terre et eau, ces parages de prédilection débordent d’une nature à préserver, mais aussi d’histoires alimentaires à raconter. Parmi les récits de pêche, de chasse et de cueillette, une fenaison inusitée: celle du foin de mer.
Texte d’Alex Cruz et Cyril Gonzales, d’École B Illustrations de Matthieu Goyer
La qualité de celui-ci étant tributaire de la marée haute, les étapes de sa récolte, puis de son séchage requéraient, on l’imagine, un certain sens du timing.
Ces amas d’herbes salines que l’on récoltait, notamment sur une batture du fleuve Saint-Laurent qui relie toujours l’Isle-aux-Grues à l’Île-aux-Oies étaient composés de plantes sauvages tels que le scirpe d’Amérique, le carex, la spartine maritime, et aussi de celle que l’on appelait par là-bas la rouche (juncus bulbosus).
Une fois fauché, le foin de mer était mis à sécher au-dessus d’une structure sur pilotis que l’on appelait selon certains endroits une allonge ou encore une mûle (meule).
Une fois la marée remontée, ces immenses piles de foin de mer échafaudé donnaient l’impression que d’énormes bisons flottaient sur la prairie nouvellement inondée. Sachez tout de même que nous sommes loin de l’activité anecdotique ici.
La récolte et le commerce de foin de mer le long de l’estuaire du Saint-Laurent auront été chose du quotidien pour de nombreuses familles riveraines, et ce, pendant des centaines d’années au Québec.
En 1861 par exemple, ce serait près de 2075 tonnes de foin de mer qui auraient été récoltées dans l’archipel de l’Isle-aux-Grues, ce n’est pas rien!
Ce sujet vous intéresse? Voici notre humble suggestion de deux lectures qui vous permettront peut-être d’en apprendre davantage sur l’histoire de la fenaison du foin de mer au Québec: